Par Léopold DASSI NDJIDJOU
On ne l’a jamais vu dans l’environnement du football au Cameroun. La nomination du staff technique des Lic contestée ouvertement par le président de la Fecafoot ! Le renversement des habitus ou l’explosion des batailles politiques souterraines sur l’aire du jeu sportif ? Curieux tout ce manège où on voit un Samuel Eto’o Fils réputé avoir des atomes crochus avec le palais présidentiel, se raidir ou se radicaliser dans une posture d’en découdre une fois pour toute avec le Minsep quand bien il est précisé que ces dernier agit sur les hautes instructions du président de la République. Où se trouve le grain de sable qui enrouille la mécanique habituelle ?
Le patron de la Facafoot douterait-il que les instructions viennent effectivement de Paul Biya dans la mesure où il annonçait il n’y a pas longtemps sur les antennes de France 24, avoir soumis un « short list » des candidatures à la succession de Rigobert Song à la tête des Lic. La liste de ses favoris a été bottée en touche et le ministre d’Etat, secrétaire générale de la présidence de la République a fait savoir au Minsep comme d’habitude, une liste sortie de l’escarcelle du N’nom Ngui. Elle plonge l’ancienne capitaine des Lions dans une crise de nerfs, lui et la maison Fecafoot. On en est aujourd’hui, de fil en aiguille, arrivé à l’attente de la publication annoncée et vivement attendue, du staff des Lic version Fecafoot, dans une ambiance de surprise estomaquée. Le retournement du monde !
A coup sûr, sur les hauteurs d’Etoudi, on doit perdre son latin devant la hardiesse du fils prodige du football camerounais, qui tient à cor et à cri à s’arc-bouter sous la cuirasse de la loi qui lui confère en premier ressort le choix de l’entraîneur des Lic. Et de la loi précisément sur la question, tant le Minsep que Samuel Eto’o Fils, personne n’est à court d’arguments juridiques pour justifier sa posture. Dans ce bras de fer insoutenable entre David et Goliath, entre une poule qui défend ses œufs et un prédateur, qui aura finalement gain de cause ? Sur quoi compte Samuel Eto’o ?
Ou mieux sur qui compte-t-il ? Il y aurait-il un autre match politique au sommet dans lequel la Fecefoot est enveloppée comme monnaie de change ? Le Pichichi a soutenu la campagne présidentielle de Paul Biya en 2018. Pour confirmer les bonnes dispositions du Palais à son endroit, le ministre directeur du Cabinet civil de la présidence de la République a d’ailleurs adressé le 4 avril dernier une correspondance au gouverneur de la région du Littoral dont l’objet porte sur l’organisation des obsèques du père d’Eto’o, David Eto’o les 11, 12 et 13 avril à Douala et à Ngambé.
Les Lions indomptables font partir des emblèmes non déclarés du pays, jalousement protégés par conséquent par le politique. Ce n’est pas la première fois que les entraîneurs entrent dans la tanière des Lions en passant par Etoudi. Les plus emblématiques sont Claude le Roy, Paul Le Guen ou même l’intervention directe dans la sélection des joueurs à l’exemple de Roger Milla au Mondial 90 en Italie.
A Tsinga, doute-t-on que la nomination de Marc Brys sur le banc des Lions indomptables soit réellement de Paul Biya ou bien est-ce la qualité des rapports exécrables que Samuel Eto’o entretient avec certains membres du nouveau staff qui ferait désordre au sein du Comité exécutif de la Fecafoot ? C’est le genre d’interrogation qui peut appeler au jeu de la roulette russe qui se termine par l’annihilation de l’adversaire !