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Cameroun > École et emplois: Qui exorcisera l’école des démons du chômage

A l’heure où le Cameroun postcolonial met sur les rails sa 63ème rentrée scolaire, n’y a-t-il pas lieu de se demander à quand se fera l’inversion de la tendance pour que l’école ne forme plus massivement les chômeurs ?

Par panorama papers
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Par Léopold DASSI NDJIDJOU

Selon l’Institut national de la statistique (Ins), le taux de sous-emploi global est de 65% au Cameroun. Cela signifie en clair que sur 100 Camerounais qui sortent de l’école prise dans son sens global, 35% seulement auront un emploi à la hauteur de leur qualification, alors que les 65% autres se contenteront de ce qu’ils trouveront pour vivre, pour se débrouiller, à défaut de ne pas sombrer dans le chômage.

C’est le secteur de l’informel. On pourrait y apporter une embellie en affirmant qu’un diplômé camerounais sur trois, au bout de la chaîne, a un travail conséquent. Si on tient compte de l’investissement consenti aussi bien par les parents que par le gouvernement, il y a lieu de relever qu’il s’agit d’une grosse perte pour tous, même pour l’élève qui est la première victime. Si les diplômés ont toutes les peines à s’insérer dans le marché du travail, cela est une preuve par neuf que le contenu des enseignements est en parfaire inadéquation avec les attentes sociales.

Pour sortir de là, il serait donc urgent de revoir le contenu des enseignements car l’obtention d’un diplôme en lui-même ne signifie rien, si on ne sait rien faire. Au Cameroun, quelle expertise un élève qui a eu son Baccalauréat a-t-il et le distingue de ce fait des autres sur le marché du travail ? Que sait-il faire ? C’est une question à laquelle devrait répondre impérativement l’Etat du Cameroun.

Et s’il ne sait rien faire en fonction de sa diplomation, à quoi bon aller à l’école perdre temps et argent pour rien ? Aux premières années de l’an 1960, après les indépendances, on envoyait les enfants à l’école pour apprendre à écrire, à lire et à compter. Le cap était fixé. Plus de 60 ans après, on a l’amère impression que c’est pour les mêmes buts encore que les Camerounais vont à l’école. Si apprendre à écrire, à lire et à compter et à calculer sont louables, il y a lieu d’aller au-delà de ce degré primaire de l’enseignement et de permettre à l’école de se saisir de tous les secteurs d’activités de nos vies quotidiennes.

C’est bien sûr de la responsabilité de l’Etat, de sa responsabilité urgente de questionner comment il socialise sa jeunesse pour faire d’elle des citoyens accomplis. Un chômeur ou un débrouillard ne peuvent pas l’être car ils sont dans leurs peaux comme des citoyens de second ordre. Que fait l’Etat pour inverser l’ordre des choses.

Il y a pas longtemps, Paul Biya, demandait de créer des lycées agricoles dans chaque région, chaque département du pays ! En dehors du lycée agricole de Yabassi, fort appréciable, où est en la suite ? Le problème n’est pas seulement au niveau d’une prédilection maladive ou morbide de notre système éducation pour des enseignements très théoriques et générales, mais aussi et surtout d’une négligence des enseignements scientifiques et de techniques. Pour se convaincre, il suffit de faire une descente dans les Sar et les lycées techniques pour se convaincre que beaucoup ne sont techniques que de nom ou de façade.

Le contenu des enseignements, pour l’essentiel est général et théorique. L’apprenant diplômé récite plus les formules et est dans l’incapacité de les mettre en pratique. L’autre facette lugubre de cette école possédée des démons du chômage, est l’organisation des concours à l’entrée des grandes écoles. Oui, c’est le système hérité de la civilisation française. Mais pourquoi ne pas transformer l’école en un lieu où on sort une fois pour toute, au bout de la chaîne sans plus avoir besoin de passer par les concours ? Combien de jeunes Camerounais qui vont à l’école, atteindront leurs objectifs alors qu’ils se battent corps et âme chaque jour pour relever les différents défis liés à l’assimilation des programmes scolaires? Le système anglo-saxon dans son ensemble n’est que très peu concerné par les concours après le diplôme, car l’école est une formation.

Si notre école, au sens de cette publication n’est pas une formation en fonction des besoins de la cité, cette école-là devient une grosse arnaque qu’il faut condamner et reformer au plus tôt. Le Nigeria par exemple n’organise pas les concours dans les facultés de médecine, d’avocature, de magistrature et autres.

Les étudiants sont formés pour cela, et la différence se fait naturellement par le mérite des uns et des autres. Au moment où le Cameroun, a lancé la 62ème année scolaire après les indépendances, n’est-il pas temps, de reformer radicalement le contenu des enseignements pour rapprocher les apprenants des attentes et des besoins sociaux, dans tous les secteurs de la vie ? Pour ce faire, il va falloir une bonne dose de courage politique. Et c’est bien possible.

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Revue de presses du 05 06 2023

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