Par Paul Tjeg
Des directeurs d’écoles placées sous la tutelle du ministère de l’Education de base, croupissent actuellement dans les geôles des différentes prisons que compte le pays. Leur nombre exact n’est pas connu. Toutefois, Laurent Serge Etoundi Ngoa, ministre de l’Education de base, révèle que ces derniers ont été incarcérés parce qu’ils ont vendu des livres pourtant interdits à la vente.
«Nous nous distinguons par des sanctions. On a récemment sanctionné des directeurs d’école qui ont vendu ces livres à des opérateurs économiques pour aller les placer dans leurs librairies. Il y en a qui sont en prison. C’est fâcheux, mais c’est comme ça»,
a révélé le membre du gouvernement.
Les livres évoqués supra, sont des manuels scolaires destinés aux élèves du niveau 1 (Sil-CP/Class 1-Class 2) et du niveau 2 (Ce1-Ce2/Class 3-Class 4), ainsi qu’aux Cm1 et aux Cm2. Ils sont distribués gratuitement dans le cadre du Programme d’appui à la réforme de l’éducation au Cameroun (Parec), soutenu par la Banque mondiale à hauteur de 70,9 milliards de Fcfa.L’opération a démarré en 2020 avec la distribution de 3 millions de livres d’une valeur de 5 milliards de Fcfa. En 2021, ce sont 4 millions de livres destinés aux 13.000 écoles primaires publiques francophones et anglophones du pays qui ont été distribués.
Ledit programme, qui a une durée de 7 ans, va se poursuivre cette année. Une enveloppe de plus de 10 milliards a été mobilisée pour acquérir les manuels scolaires, qui doivent être exclusivement utilisés dans les écoles ou ils sont distribués.
«Lorsque la Banque mondiale donne des livres, il s’agit d’accords que seul peut autoriser ou signer le chef de l’Etat. Quand ces accords sont signés, nos partenaires mettent des conditionnalités qui ne sont pas toujours faciles à remplir. Dès que nous les avions réunies, parfois avec beaucoup de peine, et que le fruit de la convention est là, on doit faire preuve de responsabilité, on ne doit pas jouer avec ça»,
a préconisé Laurent Serges Etoundi Ngoa.
Un sens des responsabilités que ne partagent certainement pas plusieurs directeurs d’écoles primaires publiques, qui se livrent à la vente de ces livres dont ils doivent assurer la gestion.
« Le phénomène a commencé à Yaoundé, où on trouvait ces livres dans les petites librairies du quartier Essos. Puis ça s’est retrouvé dans le Sud et ailleurs. On a sanctionné. Les affaires de cette nature sont envoyées au pénal. Certains en ont payé les frais»,
argue-t-il.