Par Eric Boniface Tchouakeu
Les acteurs politiques qui prétendent respecter les institutions doivent commencer par respecter celui qui les incarne, affirme encore le Ministre Paul Atanga Nji, pour qui un député « aux abois », exclu récemment d’un parti politique, tient régulièrement des propos désobligeants à l’endroit du Président de la République ; une allusion à peine voilée à Cabral Libii qu’il ne reconnaît plus comme Leader du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale.
Il convient cependant de relever qu’un tribunal de Maroua a suspendu le congrès du parti que voulait organiser l’un de ses co-fondateurs dans la ville les 25 et 26 mai 2024,afin que soit préalablement déterminé qui en est le leader légal.
Cela dit,Le Ministre de l’Administration Territoriale écrit encore dans son communiqué que la qualité de député ou de dirigeant de parti politique, allusion en filigrane sur ce dernier point au principal opposant Maurice Kamto, n’est pas un passe-droit pour défier impunément l’autorité de l’Etat, inciter à la rébellion et menacer de mettre le pays à feu et à sang lors de l’élection présidentielle de 2025,si des intérêts égoïstes et partisans ne sont pas satisfaits.
Paul Atanga Nji dit également aux acteurs politiques de l’opposition qui brandissent l’épouvantail du chaos lors de l’élection présidentielle de 2025 ,que ce scrutin se tiendra dans le calme, la sérénité et sans perturbation comme en 2011 et 2018,non sans ajouter que tous les leviers de la loi du 19 décembre 1990 sur les partis politiques, et particulièrement les dispositions des articles 17,18 ,19 et 20 qui donnent notamment la possibilité au Ministre de l’Administration Territoriale de suspendre temporairement les activités ou de dissoudre un parti politique, seront appliquées à la lettre.
Tous les auteurs des comportements anti-républicains et conspirationnistes feront face à rigueur de la loi, prévient le Ministre Atanga Nji, qui demande au passage aux Camerounais
« de ne pas se laisser manipuler par des hommes politiques véreux qui souhaitent obtenir par la rue, ce qu’ils sont incapables d’obtenir dans les urnes.”
Enfin, le Ministre de l’Administration Territoriale, soutient que les leaders des partis politiques s’adressent à leurs militants et sympathisants, tandis que seul le Chef de l’Etat qui incarne les institutions de la République, est habilité à s’adresser au peuple selon la formule consacrée je cite
« Camerounais, Camerounaises, mes chers compatriotes. ».
En dehors du député Cabral Libii, on se souvient que le 10 mai dernier, au cours d’une conférence de presse , le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, a dans un ton particulièrement dur, dénoncé l’état actuel de préparation des prochaines élections au Cameroun, qui pourrait déboucher sur un coup d’Etat électoral ou un coup d’Etat militaire selon lui.
« Si les gens veulent que pays basculent dans la violence, alors, il basculera dans la violence et les survivant resteront arranger le Cameroun. » ou encore «que ceux qui croient qu’ils peuvent craquer une allumette dans une usine à gaz et en sortir vivant se détrompent. On mourra tous dans cette usine à gaz »
avait déclaré entre autres Maurice Kamto.
Par ailleurs, réagissant au communiqué du Ministre de l’Administration Territoriale, le leader du MRC, candidat déclaré à la prochaine présidentielle, écrit dans un texte publié sur les réseaux sociaux le 25 mai 2024 et intitulé :
« le Cameroun n’a pas besoin d’un Ministère de l’agitation, de l’injure et de la fanfaronnade »,
notamment que
« la paix règnera dans le pays aujourd’hui et demain si nous le voulons tous ensemble en respectant les lois de la République,en s’abstenant de fausser les élections et de bloquer le déploiement des autres partis politiques sur le terrain pour favoriser le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) dans une logique de parti unique. »
Il a réitéré que son parti et lui
“danseront particulièrement en 2025, au rythme que le régime imprimera à la vie politique du pays : s’il veut que cela se passe dans la paix, ce sera dans la paix ; s’il préfère la fuite en avant dans le désordre et la violence, il en sera ainsi. »
Comme on le constate, l’ère semble être plus à l’alourdissement plus tôt que l’apaisement du climat politique à l’approche de l’année électorale 2025.
L’organisation des élections libres, transparentes et crédibles apparaît dès lors cruciale l’année prochaine. Elections Cameroon, institution en théorie indépendante qui fait office d’arbitre du jeu électoral, doit de ce fait s’investir davantage pour rassurer les différents acteurs du processus, et faire en sorte que les perdants lors des futures élections, reconnaissent leur défaite, en faisant tout pour ne pas leur fournir des éléments de contestations.
En accédant à certaines revendications légitimes et légales formulées il y a plusieurs semaines par certains, l’organe électoral peut déjà provoquer la désescalade verbale entre les acteurs du pouvoir et de l’opposition.
Il ne faut jamais en effet perdre de vue qu’une élection au sens noble du terme a également vocation à pacifier les rapports sociaux et non l’inverse.