Par Rostand TCHAMI
C’est un autre revirement de situation. A deux jours seulement de l’Assemblée générale extraordinaire élective de l’Ordre national des médecins du Cameroun (Onmc) prévue le 18 janvier 2023, le ministre de la Santé publique informe l’opinion publique nationale et internationale qu’elle n’aura finalement plus lieu. C’est par un Tweet publié ce jour qu’il ventile l’information. En substance, il écrit :
« je voudrais porter à l’attention de tous les médecins que les élections au sein des organes de l’Ordre national des médecins du Cameroun sont renvoyées sine die ».
Et d’ajouter :
« j’exhorte cependant les uns et les autres à demeurer mobilisés et déterminés, pour construire un Ordre fort et viable ».
Une décision qui survient juste au lendemain de la lettre adressée par plus de 300 médecins au chef de l’Etat, dénonçant l’ingérence du ministre de la Santé publique dans l’Onmc dont l’objectif selon eux, est de faire élire « son candidat », et de la lettre du Pr Aimé Bonny au président de la République pour accuser Manaouda Malachie d’intrusion. Toutes choses qui font dire à plus d’un, que le ministre de la Santé publique et le gouvernement ont fini par céder à la pression des médecins.
Car même avant l’annulation, suivie du renvoi de la première élection du 29 décembre 2022, les hommes en blouse blanche dénonçaient déjà le jeu trouble du ministre de la Santé publique. Même la thèse évoquée par ce dernier selon laquelle c’est à cause de l’incapacité du bureau sortant à organiser les élections que le ministère est là, n’a pas suffi pour convaincre les médecins. Bien que toujours selon lui, « le gouvernement n’a aucun intérêt à avoir un Ordre qui ne soit pas fort » puisque, dit-il, « l’objectif du gouvernement est d’avoir un ordre puissant parce que nous questionnons l’Ordre sur les aspects et questions importantes de la santé ». Mais tous ces arguments du ministre de la Santé publique pour convaincre les médecins à aller aux urnes, sont visiblement tombés dans les oreilles des sourds. Et cela s’est ressenti le 12 janvier 2023 lorsque 05 candidats auxdites élections ont décidé de boycotter la réunion préparatoire convoquée par le Minsanté. Sur les 7 candidats invités à la table des débats par le patron de la santé, seuls 02 avaient répondu présents. Notamment le Pr Noël Essomba et le Dr Pierre Yves Bassong.
Elections libres et transparentes
Les 05 autres n’ont même pas jugé nécessaire de faire le déplacement. Il s’agit du Dr Olga Bassong, du Dr Rodolphe Fonkoua, du Dr Théodore Hyacinthe Manga, du Dr Claude Bernard Kamta Ngui et du Dr Berthelot Zambo. Une absence qui présageait déjà une tenue incertaine de l’Assemblée générale extraordinaire élective. La sortie épistolaire du ministre de la Santé publique d’hier, vient donc définitivement fixer les uns et les autres et mettre un terme au débat. Pour l’heure, nul ne sait quand est-ce que les élections au sein de l’Ordre national des médecins du Cameroun vont enfin se tenir. Après ce deuxième renvoi, il serait peut-être mieux pour le gouvernement, de laisser cette corporation organiser elle-même ses élections de façon « libre et transparente » comme l’a toujours souhaité Manaouda Malachie.
