Par Arlette Akoumou Nga
Les sénateurs sont élus au suffrage indirect à raison de sept (07) par région, par un collège électoral d’un peu plus de 11mille personnes, composé des conseillers municipaux et des conseillers.
Même si le vote est libre et secret, c’est donc à partir des résultats des élections municipales puis régionales, qu’on peut commencer à envisager la configuration du Sénat, tout au moins au niveau partisan.
Dans le cas des sénatoriales 2023, aucun coup de théâtre, aucun miracle ne s’est produit pour les partis politiques qui se sont lancés dans la compétition dans l’espoir de faire déjouer les pronostics, ou mieux, retourner une proportion importante des militants du parti au pouvoir contre leur propre camp.
Finalement, on constate que le vote de cohérence a globalement prévalu. Peut-on pour autant parler d’un retour au monolithisme politique ou d’un pied de nez à la démocratie au Cameroun ?
Objectivement non, si l’analyse repose uniquement sur l’issue des sénatoriales du 12 mars 2023.
D’abord parce qu’au regard de la coloration du collège électoral, la victoire du parti au pouvoir était attendue dans au mois neuf (09) des dix (10) régions du pays. Il n’y a que dans l’Adamaoua qu’il y avait un relatif suspense du fait du faible écart entre le nombre d’élus du Rdpc et celui de son allié, l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (Undp), qui contrôle la mairie de la ville de Ngaoundéré et le Conseil régional.
En pareil cas, quelques défections seulement dans un camp suffisent pour faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. C’est ce qui semble s’être produit au détriment de l’Undp, même si le Rdpc partait mathématiquement avec une légère avance.
Ensuite en démocratie, on ne se fait pas de cadeau. Aucune formation politique déjà installée au pouvoir ne travaillera jamais expressément pour sa propre chute, mais au contraire pour conserver, voire consolider ses positions.
D’ailleurs de nombreux candidats et partis politiques en lice aux sénatoriales 2023, avouent aujourd’hui qu’ils poursuivaient d’autres objectifs, parce que conscients du fait que gagner même un siège pour eux relevait de l’utopie.
D’autres encore, espèrent que leur participation de pure forme aux dernières sénatoriales, amène le Président de la République à les nommer ou à nommer leurs membres parmi les 30 sénateurs restants au lendemain de la proclamation officielle des résultats par le Conseil Constitutionnel.
La prérogative de désignation de 30% des membres du Sénat conférée au Président de la République par la constitution, ne lui impose aucune règle en dehors de l’obligation de choisir trois (03) sénateurs par région.
Depuis la mise sur pied de cette institution en 2013, Paul Biya a toujours choisi plus de 20 sénateurs sur les 30 nommés dans les rangs de sa formation politique.
Aujourd’hui, même si les 30 sénateurs nommés sont tous de l’opposition, cela n’aura aucune incidence sur les rapports de force politique au Sénat durant les cinq prochaines années.