Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Sur les 32 listes de candidats investis par 13 partis politiques reçues par Elécam, 22 listes provenant de 10 formations politiques ont été retenues pour compétir lors des élections sénatoriales prévues le 12 mars 2023.
En attendant l’issue du contentieux pré-électoral devant le conseil constitutionnel provoqué par des décisions d’acceptation ou de rejet de listes par Elecam, on peut néanmoins faire quelques observations préliminaires.
Tout d’abord, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) au pouvoir, est l’unique formation à avoir présenté les listes dans les dix (10) régions du pays. Il est seul en lice dans deux des dix circonscriptions ; ce qui lui assure déjà 14 sièges de sénateurs.
Il faut noter qu’en dehors de ces 14 sénateurs déjà acquis d’avance dans la région du Sud et la région anglophone du Sud-Ouest, le parti au pouvoir est grand favori dans sept (07) des huit (08) autres régions où il aura des adversaires ; cela du fait de la coloration des membres des collèges électoraux qui sont majoritairement ses élus
Ensuite, c’est la région de l’Adamaoua dans le septentrion qui offrira un relatif suspense lors du prochain scrutin sénatorial .Là bas, le parti au pouvoir sera face à son allié, l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès. L’Undp y compte cependant plus de conseillers régionaux et municipaux qui sont les grands électeurs que le Rdpc.
Après le parti au pouvoir, l’Undp est la deuxième formation politique qui présente plus de listes en compétition, quatre (04)
Pour le reste enfin, les cinq (05) partis politiques de l’opposition en compétition n’ont présenté chacune qu’une seule liste de candidats. Il s’agit du Social Democratic Font (Sdf) dans le Nord-Ouest, du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (Pcrn) dans le Littoral, du Front des Démocrates Camerounais (Fdc) dans le Centre, de l’Union des Mouvements Socialistes (Ums) et l’Union Démocratique du Cameroun (Udc) dans la région de l’Ouest.
Toutes les formations de l’opposition réunies ne visent que 28 sur les 70 sièges en compétition. C’est donc en victimes résignées qu’elles prendront part à ces sénatoriales. Théoriquement, les résultats probables des élections pour le choix des membres du Sénat, se dessinent à partir des issues des municipales et des régionales qui désignent les membres des collèges électoraux qui sont les grands électeurs lors du scrutin sénatorial.
On comprend dès lors que chaque parti d’opposition en lice aux sénatoriales du 12 mars 2023 a déjà d’avance concédé sa défaite, car étant mathématiquement dans l’incapacité d’obtenir les 51 sièges nécessaires pour contrôler le Sénat.
Tous ne peuvent prétendre compter sur les 30 autres sénateurs qui seront nommés à la seule discrétion du Président de la République, par ailleurs Chef du parti au pouvoir pour atteindre cet objectif.
Au-delà des raisons souvent évoquées de marketing politique, de renflouement éventuel des caisses, et de positionnement de quelques cadres du parti dans les institutions et autres, on peut légitimement questionner la sincérité des ambitions proclamées de plusieurs partis se réclamant de l’opposition, de vouloir un jour diriger le Cameroun.
On ne peut par exemple pas prétendre avoir des ambitions nationales, et être en incapacité de présenter un nombre de candidatures nécessaires pour contrôler des institutions importantes comme le Sénat, ou l’Assemblée Nationale, qui détiennent le pouvoir législatif, ne se reste que dans le cadre d’une coalition de partis politiques.