Par Mon’Esse
Une assemblée générale, destinée à la constitution de la Kikot Hydro Power Company (KHPC), est programmée lundi, 25 septembre à Yaoundé. Destinée à la mise en place d’une entité devant conduire le projet de barrage dans la localité de Kikot, elle réunira l’Etat du Cameroun à de hauts responsables d’Electricité de France (EDF).
Ledit projet, d’un coût de quelque 650 milliards de francs, est localisé à la frontière entre les régions du Centre et du Littoral, avait déjà fait l’objet d’un accord de développement signé entre les parties le 25 juin 2021. Il prévoit l’érection d’un barrage, d’une retenue d’eau et d’une usine hydroélectrique, d’une puissance comprise entre 450 et 550MW, considérée comme «la plus puissante du Cameroun».
EDF se retrouve ainsi, concomitamment, sur un deuxième chantier de même nature alors qu’elle est déjà engagée dans la construction du barrage de Nachtigal, d’une capacité de 420MW et dont la mise en service est prévue en 2024.
Mais ce qui intrigue davantage les observateurs, c’est la multiplication de la création d’entreprises de mise en œuvre de projets hydroélectriques à travers le pays. KHPC verra ainsi le jour alors qu’existent déjà, à travers le pays, un Hydro-Mekin et autre Nachtigal Hydro Power Company.
Ainsi, chaque infrastructure se voit dotée d’une société anonyme ayant généralement pour mission la conception, le financement, la construction et l’exploitation d’une infrastructure hydroélectrique, avec le risque que chaque pôle de production crée sa politique à elle, quitte à installer la zizanie dans le secteur.
Ce désordre, tant redouté, s’était déjà signalé avec le barrage de Memve’ele (211MW), construit sur fonds sino-camerounais. Afin d’injecter une partie de son énergie dans le réseau, l’on recouru aux infrastructures du Projet de renforcement et d’extension des réseaux électriques de transport et de distribution (Preretd), piloté par la société publique Electricity Development Corporation (EDC).
Or, l’unité de coordination du Projet d’aménagement hydroélectrique Memve’ele, qui en avait supervisé la construction, avait un temps nourri l’ambition de devenir un producteur indépendant, pour pouvoir vendre l’énergie. Et c’est la présidence de la République qui, en dernier ressort, y avait opposé son refus et transféré l’ouvrage à EDC. Il n’est pas exclu que de tels dérapages surviennent de nouveau sur le réseau.
Gestionnaire du patrimoine de l’Etat en matière de stockage d’eau et de production électrique, en dehors de ce qui est dévolu à d’autres opérateurs, EDC assure aussi la préparation ou la réalisation de tout projet d’infrastructure dans le secteur de l’électricité, lui confiée par l’État. Il agit aussi dans la participation à la promotion et au développement des investissements publics et privés dans le secteur de l’électricité, et sert d’appui conseil de l’Etat dans le secteur de l’électricité.
Créée au départ pour assurer toutes les tâches de construction et de représentation, EDC a été réorganisé le 4 mai 2020 à la faveur d’un décret présidentiel. Des mains intéressées semblent s’être glissées dans l’affaire, et il a, désormais, seulement en charge la gestion du patrimoine des aménagements hydroélectriques de Bamendjin, Lom Pangar, Mapé, Mbakaou, Memve’ele ou tout autre.