Par Eric Boniface Tchouakeu
Cette liste non disponible sur internet suscite depuis lors de vives polémiques au sein de l’opinion dont une bonne partie pense qu’elle ne tient pas compte du respect de la règle de l’équilibre régional, la plupart des admis étant originaire d’une seule aire géographique.
Au Cameroun, le recrutement dans le secteur public est fait selon la politique des quotas Il existe à ce sujet des mesures règlementaires qui consacrent cette politique de redistribution des places réservées aux ressortissants des différentes régions admis aux concours administratifs.
Il s’agit en l’occurrence du décret N°82 /407 du 07 septembre 1982 qui modifie et complète celui N° 75/496 du 03 juillet 1975, qui prévoie que la répartition des places pour les concours de la fonction publique tienne compte de la « région d’origine » des parents ; la région d’origine du père du candidat ou de la candidate, et non le lieu de naissance ou de résidence de celui ou celle qui postule étant privilégiée.
En dehors de l’EMIA, une certaine partie de l’opinion fait régulièrement état du non-respect de la règle de l’équilibre régional dans de nombreux concours donnant accès : aux grandes écoles de formation de l’Etat ; aux emplois publics directs ; et même plus tard en ce qui concerne la répartition des postes de responsabilité entre régions dans la fonction publique.
L’article 56 du décret du 07 septembre 1982, dispose notamment que le Ministre chargé de la fonction publique doit procéder à la répartition des places entre les candidats, suivant leurs régions d’origines dans le cadre de l’arrêté portant ouverture de chaque concours administratif d’entrée dans les différentes catégories de la fonction publique ; ce qui n’est pas toujours le cas dans la pratique.
Néanmoins sur la base de ce texte, la dernière décision en date d’août 1992 du Ministre chargé de la fonction publique, (Décision N° 0015 /MINFOPRA/CAB d’août1992), répartit les quotas régionaux ainsi qu’il suit : Adamaoua : 05%, Centre : 15%, Est : 04%, Extrême-Nord : 18%, Littoral : 12%, Nord : 07%, Nord-Ouest : 12%, Ouest : 13%, Sud : 04% et Sud-Ouest : 08%.
A la vérité, les concours donnant accès direct ou indirect aux emplois publics, à la lumière des textes mentionnés mettent davantage en compétition les ressortissants d’une même région entre eux.
Dans l’actuel contexte où des actes de replis identitaires exacerbés sont de plus en plus courants, pour éviter les suspicions de tripatouillages tout au moins en ce qui concerne les quotas régionaux, il serait important de préciser dès l’ouverture de ces concours, le nombre de places réservées à chaque région, et publié ensuite les résultats en faisant ressortir l’origine de chaque candidat admis,, voire son appartenance familiale, afin de permettre à l’opinion de s’assurer qu’on a pas fait l’équilibre avec les membres des mêmes familles.
Dans un pays qui compte plus de deux cent (200) ethnies, la politique de l’équilibre régional a pour finalité de faire en sorte que les recrutements dans les services publics reflètent la composition sociologique de la population.
Cette politique des quotas, si elle veut continuer à être une solution et non un problème au bon fonctionnement du Cameroun dans un monde compétitif et régulièrement transformé, devrait être aménagée comme « l’affirmative action » aux Etats-Unis d’Amérique ou la « discrimination positive »en France, où elle est mieux encadrée, laissant très peu d’espace à l’arbitraire et à l’injustice.
En tout cas, sa réforme ou son abandon s’imposera à terme devant la poussée du métissage de la population ou de la mixité ethnique.