Par Rostand Tchami
Ils sont au total 60 à avoir reçu leurs diplômes de fin de formation. Il s’agit des élèves-maîtres déficients visuels et auditifs et même normaux, qui étaient inscrits, pour le compte de l’année académique écoulée, à l’Enieg bilingue inclusive Louis braille du Club des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun. Contrairement à l’année dernière, l’effectif de cette année a doublé avec 5 déficients notamment 3 visuels et 2 auditifs. De quoi susciter la joie à la directrice de cette institution même si la formation n’a pas toujours été évidente.
« Les faits marquants de cette formation, c’est d’abord la présence des élèves-maîtres déficients visuels et auditifs. Cette année nous avons doublé en effectif et la gestion de tous ces candidats, c’est ce qui a marqué cette année académique »,
s’est réjouie Carole Nguimi, directrice de l’Enieg.
Avant de déplorer quelques difficultés.
« Les difficultés étaient beaucoup plus d’ordre financier parce que nous sommes une Enieg bilingue inclusive privée et puis la prise en charge des élèves-maîtres déficients visuels et auditifs coûtent cher parce que ça demande de transcrire des épreuves, ça demande aussi des enseignants supplémentaires. En dehors de cela, il y a aussi la difficulté avec des élèves-maîtres qui étaient souvent absents. Mais avec un peu de rigueur ils sont venus à l’ordre et la formation s’est bien passée ».
Parlant de formation, ça a été surtout bénéfique pour les apprenants.
« Nous avons appris pendant cette année, la gestion des personnes à besoins spéciaux qui étaient exclues et marginalisées dans le système éducatif. La formation inclusive que nous avons eu à Louis braille nous a donc permis de pouvoir tenir les enfants à besoins spéciaux tout comme ceux qui sont normaux»,
s’est contenté Jacob Davy Mathuzer, récipiendaire.
Même si l’obtention de ces diplômes vient mettre un terme à la problématique de la non-scolarisation ou de la non-formation, il reste maintenant à résoudre l’équation de l’emploi. Mais à en croire Jacob Davy Mathuzer, il n’y a pas de quoi s’inquiéter parce que
« c’est un diplôme qui peut nous ouvrir d’autres portes de travail dans les Ong, le public voire le privé ».
Pour Eliane Koumal, déficiente visuelle, le plus important c’est de se doter d’un mental d’acier sachant qu’elle vit dans un environnement où l’insertion socioprofessionnelle des personnes handicapées est un problème majeur. Elle reste toutefois, optimiste.
« On a reçu les qualifications nécessaires. Le plus important c’est le mental et en tant qu’enseignante, on a toutes les capacités pour pouvoir affronter toutes les difficultés sur le terrain »,
assure-t-elle.
Discriminations sociales
À tous ces enseignants, la directrice de l’Enieg bilingue inclusive Louis braille, leur a donné un seul conseil pour mieux s’en sortir.
« Pour mes enseignants sortant, le seul conseil que je vais leur donner c’est que l’apprentissage ne s’arrête pas au sortir de l’Enieg. Un enseignant doit apprendre, apprendre et apprendre et faire davantage des recherches »,
souligne-t-elle.
Parce que l’éducation inclusive est à coup sûr le meilleur moyen pour lutter contre les discriminations sociales et les disparités de toute sorte, Jacob Davy Mathuzer invite les autres à suivre leurs pas.
« Nous encourageons les générations futures à se lancer dans l’éducation inclusive afin de pouvoir permettre l’égalité pour tous et l’égalité des chances pour tout le monde »,
déclare-t-il.