Par Serge Aimé Bikoi
C’est dans le cadre d’une enquête ouverte sur un marché livré et non payé d’un montant de 55 millions de Fcfa relatif à l’informatisation de la gestion financière de l’hôtel des députés de Yaoundé.
C’est la nouvelle frasque de la mal gouvernance dans laquelle s’enlise la chambre basse du parlement camerounais depuis des années et qui est, depuis longtemps, dénoncée par la presse nationale. En effet, depuis la semaine dernière, agissant pour le compte du lieutenant-colonel Dieudonné Bialo, chef du Service central des recherches judiciaires de la gendarmerie nationale de Yaoundé, l’Officier de police judiciaire, Olivier Dang Nguele, a adressé des lettres-convocations à six cadres du Secrétariat général de l’Assemblée nationale, qui devront s’y présenter ce mercredi, 31 mai 2023 à 9h. Il s’agit des nommés :
- Djadai Yakouba née Thamar
- Belinga Basile
- Aba Maca
- Ngansop Gilles Valery
- Abdoulaye Daouda
- Hoche Mozogo
Les lettres-convocations, qui suscitent la controverse et qui créent le buzz sur les réseaux sociaux, ne renseignent pas suffisamment sur les contours de l’affaire liée à l’escroquerie, laquelle participe à écorner l’image de l’Assemblée nationale. Toutefois, des sources concordantes évoquent un marché de l’ordre de 55 millions de Fcfa relatif à l’informatisation de la gestion financière de l’hôtel des députés de Yaoundé. À en croire des indiscrétions, le prestataire, qui avait livré son marché depuis plus d’un an, n’aurait pas toujours reçu le moindre copeck. En dépit de multiples relances en vue du paiement, les responsables de l’Assemblée nationale sont restés de marbre le contraignant à saisir la justice. L’enquête ouverte au Service central des recherches judiciaires de la gendarmerie nationale de Yaoundé s’appesantit sur les cadres du Secrétariat général de l’Assemblée nationale, l’instance où le marché avait été lancé et attribué.
En attendant que cette enquête révèle toute la lumière sur les responsabilités des uns et des autres, des indiscrétions laissent déjà envisager qu’elle dépassera le cadre des sous-fifres que constituent ces simples exécutants dans la chaîne de passation et d’exécution des marchés pour débusquer les vrais fossoyeurs qui perçoivent des espèces sonnantes et trébuchantes à l’Assemblée nationale sur le dos des prestataires de services. Et c’est le cabinet du président de l’auguste chambre lui-même qui est dans la ligne de mire de l’enquête ouverte. Selon les témoignages qui enveniment les couloirs de la troisième institution étatique, c’est bien Cabaye Yeguie Djibril qui, à travers son directeur de cabinet, qui discrimine les factures à payer ou à classer suivant les critères dont seuls les responsables du cabinet détiennent les référentiels. Pourquoi le marché du scandale qui se dévoile aujourd’hui n’a-t-il pas été payé ? Tout semble être l’énigme qui sous-tend la nomenclature des convocations servies aux cadres du Secrétariat général de cette institution parlementaire avec, à la clé, des révélations insoupçonnées sur le respect des règles déontologiques d’attribution et d’exécution de ce marché. En attendant que lumière soit faite, les critiques enflent déjà sur les incohérences et les incongruités qui entourent l’environnement des marchés publics à l’Assemblée nationale et qui, selon d’autres sources, auraient plongé l’institution parlementaire dans une sorte de cessation de paiement.
Cette investigation sur le non-paiement de la facture de l’informatisation de la gestion financière de l’hôtel des députés n’est que la face visible de l’iceberg qui dissimule de nombreux cas de malversations financières dans cette institution. Et pour cause: au moment où bien de prestataires expriment leur ras-le-bol pour le non-paiement de leurs prestations, d’autres révélations font état des paiements en catimini de faux titres et de missions fictives à l’instigation du cabinet du président de la chambre basse du parlement camerounais. D’ailleurs, l’hebdomadaire “Sans détour”, édition de ce lundi, 29 mai 2023, dans une note de service datée du 18 avril 2023, le directeur du cabinet, Boukar Abdourahim, dont le nom est, régulièrement, cité dans ces affaires à l’Assemblée nationale, mettait en place, au sein du cabinet, une commission interne de contrôle de la régularité des actes à soumettre à la signature du président de l’Assemblée nationale. Selon d’autres indiscrétions non des moindres, une autre enquête pourrait ébranler, dans les jours à venir, l’auguste chambre au sujet d’un décaissement de 125 millions de Fcfa dédié à l’évacuation sanitaire vers Paris de l’une des épouses de Cavaye Yeguie Djibril avec comme cerise sur gâteau près de deux mois de mission payés à sa fille, qui devait l’accompagner durant cette évacuation sanitaire au frais de l’Assemblée nationale. “Parallèlement, indique le journal “Sans détour”, non seulement des prestataires ne sont pas payés, des dotations de fonctionnement de l’Assemblée ne sont pas réglées au grand dam des élus visiblement décidés à crier haro sur ces déviances qui plombent l’image de la gouvernance de l’Assemblée nationale “.