Par Éric Boniface Tchouakeu
Le pays de l’Oncle Sam a invité à ce rendez-vous, 49 des 54 dirigeants des Etats africains, la Commission de l’Union Africaine, la société civile, les hommes d’affaires notamment de la diaspora africaine vivant aux Etats-Unis, et autres jeunes leaders.
Dans un briefing en ligne avec la presse africaine le 07 décembre 2022, la Secrétaire d’Etat adjoint chargée des affaires africaines, Molly Phee et le Responsable Afrique au Conseil National de la Sécurité des Etats-Unis, Judd Devermont, ont expliqué que leur pays n’a convié à ce sommet que des Chefs d’Etat qui ne sont pas sous le coup des sanctions de l’Union Africaine.
Les Présidents du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée et du Soudan, des pays dans lesquels des coups d’Etat sont intervenus et qui sont actuellement dirigés par des régimes militaires, n’ont donc pas été invités. Il en est de même pour le Président Erythréen, parce que son pays n’a pas de relations diplomatiques avec les Etats-Unis, justifient les hauts responsables Américains.
Comme en 2014 lors du premier sommet, le Cameroun prendra activement part au 02ème sommet Etats-Unis –Afrique. Le Chef de l’Etat Camerounais Paul Biya, qui n’a plus participé à un sommet hors du Cameroun depuis trois ans, conduit la délégation du pays qui comprend plusieurs Ministres, dont les portefeuilles sont en rapport avec les sujets inscrits à l’ordre du jour.
Il sera essentiellement question pour les participants à la rencontre, de parler de la construction des partenariats au 21ème siècle. Des échanges dans ce sillage vont notamment porter sur la santé, les changements climatiques et ses conséquences néfastes, la guerre menée par la Russie en Ukraine, la démocratie et la gouvernance, la sécurité, le commerce et les investissements, ainsi que du développement.
Il s’agit donc avant tout d’une rencontre multilatérale. Mais le Cameroun au regard de la présence des Présidents Biya et Biden, peut bien s’en servir pour directement discuter en coulisse, des questions bilatérales avec son partenaire Américain.
Des dirigeants américains se sont souvent par exemple exprimés sur plusieurs sujets de politique intérieure camerounaise et notamment sur la crise qui affecte les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis octobre 2016.
Ces prises de parole n’ont pas souvent été dans le sens souhaité par Yaoundé. Dans une déclaration le 07 juin 202, le Secrétaire d’Etat Américain, Anthony Blinken, a annoncé des sanctions ciblées notamment des restrictions de visas aux personnes sans les nommer, aussi bien dans le camp du Gouvernement que du côté des séparatistes, soupçonnées d’être des responsables ou complices de l’entrave à la résolution pacifique de la crise dans les régions anglophones du Cameroun.
Par ailleurs, le 28 novembre 2022, la justice américaine a annoncé avoir inculpé trois Américains d’origine camerounaise pour « association des malfaiteurs en vue de fournir un soutien matériel à des enlèvements et à l’usage d’armes de destructions massives dans un pays étranger » ; précisément dans les régions anglophones du Cameroun.
Il semble évident que les Etats-Unis peuvent peser pour qu’une solution définitive soit trouvée à la crise dans les régions anglophones.
La délégation camerounaise peut profiter de son séjour en terre américaine pour discuter de ce dernier sujet avec son partenaire au niveau le plus élevé.
Sur des questions notamment économiques, commerciales et environnementales, le pays est en droit de réclamer plus de soutien financier aux Etats-Unis.
S’agissant de la guerre menée par la Russie en Ukraine, le Cameroun devrait se ranger derrière la position de l’Union Africaine.
