Par Éric Boniface Tchouakeu
On peut notamment mentionner la 12ème résolution qui valide la proposition « de modifications des dispositions textuelles » de la Fécafoot, mais surtout la suivante, c’est-à-dire la 13ème résolution qui approuve « la révision à la hausse de la durée du mandat du Président de la Fécafoot. »
Le public ignore encore pour l’instant les détails concernant les modifications des textes et la nouvelle durée du mandat du patron du football camerounais.
Il faut d’emblée reconnaître qu’il appartient à chaque organisation qui en a le pouvoir, de définir ses propres règles de fonctionnement et de désignation de ses dirigeants ainsi que si nécessaire, de la durée du mandat de ces derniers.
Cela doit se faire conformément, à la loi camerounaise pour des organisations établies au Cameroun, et en adéquation avec les normes internationales puisque la Fécafoot est aussi membre de la Confédération Africaine de Football (Caf) au niveau continental, et de la Fédération Internationale de Football Association(Fifa), à l’échelle mondiale.
Cependant, la décision des membres de l’Assemblée Générale de la Fécafoot , élus le 11 décembre 2021,qui est intervenue un jour après la réunion d’une session ordinaire du Comité Exécutif de l’instance faîtière du football camerounais, de revoir à la hausse la durée du mandat du Président de la Fédération, étonne à plus d’un titre.
Tout d’abord parce que dans le monde de sports, une olympiade dure quatre ans. C’est indubitablement la raison pour laquelle les mandats de la plupart des dirigeants des associations sportives au niveau international et même à l’échelon national de la dimension de la Fécafoot, ont une durée maximale de quatre ans.
En second lieu au plan strictement interne, toutes les autres fédérations sportives, qui certes fonctionnent moins bien que la Fécafoot au Cameroun, ont fixé la durée du mandat de leurs Présidents à quatre ans.
En absence de précisions de la Fécafoot, certains au sein de l’opinion affirment que le mandat du Président de cette Fédération, pourrait passer de quatre à sept ans, comme la durée du mandat présidentiel au niveau national.
Il convient de rappeler sur ce point que ,les rédacteurs de la loi fondamentale du 18 janvier 1996, comme ceux de nombreux pays d’Afrique francophone, se sont largement inspirés de la constitution française du 04 octobre 1958.
Par ailleurs, la fixation de la durée du mandat présidentiel au Cameroun était la conséquence d’un compromis politique au terme de la conférence tripartite de 1991 qui avait permis d’apaiser les tensions politiques dans le pays.
Aujourd’hui, de nombreux acteurs de différents bords sur la scène politique, sont favorables à une autre réforme constitutionnelle qui verrait la durée de ce mandat être ramenée à cinq ans comme à l’indépendance du pays.
Il y a aussi lieu d’indiquer que sur le plan politique, la France a abandonné le septennat au profit du quinquennat depuis le 02 octobre 2000.
En Afrique noire francophone, certains pays qui avaient préalablement suivi la France en fixant la durée de leur mandat présidentiel à sept ans, ont fait marche arrière en revenant à cinq ans ; cas par exemple du Sénégal en 2016.
Même s’il est avéré que d’interminables crises ont provoqué une instabilité chronique au sein de la Fécafoot notamment depuis 2013, la révision à la hausse de la durée du mandat du patron de l’instance ne semble pas justifier, et ne constitue pas forcément un facteur de stabilité.
Ce n’est pas non plus parce qu’on peut questionner la transparence ou le caractère démocratique des élections organisées dans les milieux du football au Cameroun, dans d’autres pays et même au sein des instances internationales de gestion de cette discipline sportive, qu’il ne faut pas les organiser à intervalle régulier, et de manière rapprochée pour au moins donner une apparence de légitimité aux dirigeants ,au-delà de la légalité.