Par Éric Bonifac Tchouakeu
A l’issue d’un référendum organisé dans un contexte de monolithisme politique le 18 mai 1972, les Camerounais ont plébiscité la forme unitaire de l’Etat en acceptant d’abandonner la forme fédérale à deux Etats alors en vigueur depuis le 01er octobre 1961.
L’Etat fédéral du Cameroun était en effet composé de l’ancien Cameroun oriental qui était placé sous administration française jusqu’à son indépendance le 01er janvier 1960 et de l’ex –Cameroun occidental sous administration britannique jusqu’à son indépendance à travers sa réunification avec l’autre partie du territoire le 01er octobre 1961.
Il est par ailleurs important de préciser que la gestion du Cameroun, ancienne colonie allemande, a été confiée à la France, 80% du territoire, et à la Grande Bretagne, 20% de la superficie, après la défaite de l’Allemagne au Cameroun lors de la première guerre mondiale en 1916.
L’Etat fédéral qui sera mis en place pour unifier les deux territoires coutait notamment cher dans son fonctionnement selon le premier Président de la République, Ahmadou Ahidjo, d’où le changement de forme de l’Etat intervenu en 1972.
Cela dit, l’édition 2023 de la fête nationale souvent aussi appelée fête de l’unité nationale, intervient en pleine poursuite des violences dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où une insurrection séparatiste y a cours depuis fin 2017, soit un an après l’éclatement au grand jour de la crise anglophone. L’actuelle forme unitaire de l’Etat adoptée en 1972 est l’une des causes profondes du problème selon de nombreux experts de la question.
Par ailleurs des conflits intercommunautaires dans les régions de l’Extrême-Nord, de l’Adamaoua et du Nord-Ouest, ont souvent été enregistrés durant les derniers mois ; tout comme des revendications à caractère identitaire relativement au découpage administratif du territoire, ou pour une meilleure représentation des enfants issus des communautés pétitionnaires dans les hautes instances de décision du pays.
On observe également la persistance des discours haineux et le tribalisme particulièrement dans les médias sociaux sous fond de querelles politiciennes.
Les difficiles conditions de vie d’une importante partie de la population favorisent sans doute le développement des replis identitaires exacerbés.
L’amélioration du bien-être quotidien des Camerounais
à travers une meilleure redistribution des richesses du pays et la fourniture aux populations des services sociaux de base, pourraient constituer un début de solution à un bon nombre de fléaux qui mettent le vouloir vivre ensemble des Camerounais à rude épreuve.