Par Joseph OLINGA N
Toutes les statistiques s’accordent sur une réalité : le secteur de l’élevage du poulet et de la production des œufs de consommation pèsent entre 3 et 4% dans l’évaluation du produit intérieur brut (Pib). Plus explicite, le ministère de l’Elevage, des Pêches et Industries animales (Minepia) souligne qu’entre 2011 et 2016, la volaille a représenté 35% de la quantité totale de viande produite et consommée au Cameroun. Des performances en chute libre depuis plus de 5 ans.
La survenue de la pandémie du Covid-19 a accentué le malaise que vit la filière avicole. Sur la base de statistiques rendues publiques par l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic), il ressort que les principaux bassins de production enregistrent des pertes évaluées aujourd’hui à plus de 40 milliards de francs. Une évaluation exclusivement effectuée auprès des producteurs membres.
Les données approuvées par le Minepia, le Minepat et le Minefop soutiennent que l’impact de cette crise a amené de nombreux producteurs à fermer leurs exploitations. Les pertes liées aux seules restrictions imposées par la pandémie du Covid-19 ont occasionné des pertes évaluées à plus de 2 milliards de francs par mois au sein de la filière nationale. Dans le même temps, les acteurs se plaignent de l’attentisme de l’Etat face au déclin du secteur.
Des pertes auxquelles il faut ajouter celles des métiers connexes. A ce propos, les acteurs de la filière indiquent que lesdits métiers enregistrent des pertes mensuelles évaluées à 845 millions de francs, conséquentes à la survenue de la grippe aviaire il y a 6 ans. l’Ipavic explique à ce sujet que, «en prenant en compte le cheptel des poules pondeuses permanente actuel qui représenterait environ 60 % du cheptel des poules pondeuses avant la grippe aviaire de 2016, soit un cheptel actuel d’environ 540 mille poules pondeuses et en considérant un taux de ponte moyen d’environ 75%, nous pouvons indiquer que la filière se meurt».
Difficile d’apprécier le manque à gagner de ces restrictions sur le marché international, où près de la moitié de la production nationale est acheminée. Seule certitude, la production en provenance des deux principaux bassins, l’Ouest et le Nord-Ouest, qui produisaient plus de 3 millions de sujets avant les restrictions liées à la grippe aviaire. Dans le même temps, les perspectives économiques envisagent un recul commercial dû à la perte par la filière camerounaise des marchés sous-régionaux et africains, où l’aviculture camerounaise bénéficiait déjà d’une certaine implantation.