Par Joseph OLINGA N.
Ancien footballeur de renommée internationale, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto’o Fils, tente de se défaire de l’étreinte que lui impose sa proximité avec les réseaux en lutte pour la confiscation du pouvoir d’Etat au Cameroun. Le président de la Fédération camerounaise de football a pris sa plume pour se dédouaner des présomptions politiciennes dont il fait l’objet au sein du sérail. L’ancien capitaine des Lions indomptables affirme faire l’objet d’une cabale politique tendant à l’opposer au chef de l’Etat camerounais, Paul Biya. Candidat attitré du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), au pouvoir, pour lequel le président de la Fecafoot clame son soutien «indéfectible».
Les dénégations exprimées par le chef de l’exécutif du football camerounais interviennent dans un contexte empreint de passes d’armes entre lui et le ministère des sports et de l’éducation physique (Minsep). La bataille amplifiée depuis quelques mois porte sur la préséance des deux entités dans les procédures de gestion administratives et techniques des élections nationales de football et celle des Lions indomptables fanion, en particulier. L’affaire est telle que la sélection nationale a livré ses deux dernières rencontres, comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2026, avec deux staffs techniques respectivement nommés par le Ministère des sports et de l’éducation physique et la Fédération camerounaise de football. Une situation motivée par les dissonances issues du contexte de libéralité qui préside à la gestion des institutions par le sommet de l’Etat.
Au Cameroun, les observateurs s’accordent à dire que l’affaire qui met en première ligne le président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto’o Fils et le ministre des sports et de l’éducation physique, Narcisse Mouelle Kombi puise ses racines puise ses racines dans une confrontation opposant des personnalités animant des réseaux d’influence au sein de la présidence de la République et dans le gouvernement. Une grille de lecture fortement nourrie par les proximités du président de la Fecafoot avec les réseaux de pouvoirs qui s’activent ainsi que ceux qui les incarnent sur la place publique. Le positionnement des analystes de la gouvernance camerounaise est aussi motivé par les choix opérés par le chef de l’exécutif fédéral du football camerounais pour le règlement des conflits qui l’oppose au Minsep.
Dès l’entame de son mandat, le président de la Fédération camerounaise de football n’a pas caché sa proximité avec le Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh.
Personnalité de premier plan dans la configuration hiérarchique du pouvoir exécutif au Cameroun. Des indiscrétions issues du sérail indiquent que l’influence de celui qui est considéré, à tort ou à raison, comme le faiseur de prince sous le ciel camerounais aura pesé de tout son poids pour disqualifier son adversaire, Seidou Mbombo Njoya mais aussi rallier les délégués réfractaires à la cause de l’actuel président de la Fédération camerounaise de football.
L’inféodation du président de la Fédération camerounaise de football dans l’espace politico-administratif au pouvoir est d’autant plus assumée par le président de la Fédération camerounaise de football se positionne comme le chantre de la réélection du chef de l’Etat camerounais lors de l’élection présidentielle prévue en 2025. Une posture risquée dans dans un environnement où cette éventualité parait peu appréciée jusque dans l’entourage du chef de l’Etat sortant.
Jouissant d’une popularité substantielle au sein de l’opinion locale, l’ancien attaquant des Lions indomptables doit objectivement apprécier les effets divergents de cette renommée qui agace visiblement dans les cénacles du pouvoir à Yaoundé. Autant dire qu’au-delà des civilités affichées par de nombreux pontes du régime, le président de la Fédération camerounaise de football est sur le grill. Une posture renforcée par la gestion de ses choix stratégiques dans ce milieu complexe. Vu sous ce prisme, sa proximité avec le Directeur du cabinet civil de la présidence de la République, Samuel Mvondo Ayolo, lui aussi réputé tenir l’oreille du chef de l’Etat camerounais, en rajoute aux «déboires» du président de la Fédération camerounaise de football. Dans le sérail camerounais, il est de notoriété que le Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh (ancien soutien de Samuel Eto’o) et le Directeur du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo (nouveau soutien) se vouent une courtoisie de façade.
A l’observation, les postures et positionnement du président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto’o Fils, dans la chaudière politique camerounaise ne manquent pas de dessiner la trame d’un destin managérial à l’aboutissement complexe. En s’alliant certains acteurs de la sphère politique camerounaise dont il s’aliène par la suite, le président de la Fédération camerounaise de football apprécie-t-il la portée des engagements et les règles d’usage qu’imposent les milieux politiques camerounais. Nonobstant la relative popularité dont il jouit dans l’espace public, le président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto’o Fils, en prétendant surfer sans conséquence entre la gestion du football camerounais et le jeu politique cynique et vicié ne fait-il pas un pari à haut risque ?