Par Serge Aimé Bikoi
Réunis au Centre culturel Ubuntu sis au quartier Fouda dans l’arrondissement de Yaoundé Vème, l’Historienne et l’artiste-musicien ont annoncé le lancement des travaux de la commission mixte franco-camerounaise pluridisciplinaire. Son principe avait été décidé par les présidents Emmanuel Macron et Paul Biya le 26 juillet 2022 en réaction à une proposition des acteurs des sociétés civiles camerounaise et française. La co-présidente de cette commission, K. Ramondy, dévoile le thème, le cadre méthodologique et les bornes chronologiques. “Les travaux de cette commission porteront sur le rôle et l(engagement de la France au Cameroun dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition entre 1945 et 1971. Les bornes chronologiques permettent de donner toute sa place à l’analyse des actions de la France au Cameroun y compris par un contexte comparatiste, en considérant les autres guerres de décolonisation menées par la France”, indique K. Ramondy.
Cette commission axe le travail de recherche sur deux volets, ainsi que l’affirme l’Historienne. “La commission s’organise en deux volets: un volet scientifique et un volet artistique. Le volet scientifique de la commission rédigera un rapport qui permettra d’offrir un regard critique sur l’engagement de la France avant et après l’indépendance à la connaissance collective et détourner une analyse de l’histoire et de son leg. Le volet artistique porte sur les enjeux patrimoniaux et artistiques. Celui-ci procédera au recollement et à la conservation du patrimoine oral et matériel de cette période. Les chants, cérémonies et objets ayant appartenu aux maquisards et populations ayant traversé le conflit feront l’objet d’une attention particulière”.
Ce travail de recherche est assuré par une équipe scientifique composée de quinze chercheurs camerounais et français spécialistes du sujet et engagés dans les débats académiques francophones et anglophones sur ces questions. Les chercheurs concernés recenseront, jusqu’en fin 2024, les travaux de référence et les réflexions scientifiques menées sur les enjeux traités par la commission. Ils identifieront et travailleront les fonds d’archives en France, au Cameroun, ainsi que dans d’autres pays.
Depuis la nomination de B. Bassy et de K. Ramondy à la tête de cet organe par Emmanuel Macron, la Société camerounaise d’Histoire(Sch), dont le leader est Daniel Abwa, a exprimé son indignation sur le casting du président français. La polémique suscitée par ce choix et, plus généralement, ce projet, remet au goût du jour l’initiative du gouvernement camerounais datant de deux ans pour l’écriture d’une Histoire générale du Cameroun, mais qui est restée dans les tiroirs.
Alors, à la question de savoir ce que pensent les deux co-présidents de cette commission des critiques formulées sur la crédibilité d’un travail scientifique commandé par le politique, l’Historienne répond en faisant allusion à de nombreux travaux de recherche qu’elle a menés ces dernières années, qui témoignent d’une certaine fiabilité et qui sont appréciés par la communauté scientifique. Aussi Blick Bassy soutient-il que les membres de la commission n’ont pas intérêt à tronquer l’histoire des massacres survenus antérieurement sous peine d’être sous le feu des critiques de plus d’un ici et ailleurs.