Par Éric Boniface Tchouakeu
Les autorités camerounaises et françaises ne confirment pas encore pour l’instant ce voyage de Macron à Yaoundé.
Il est donc difficile dans ces conditions d’avoir une idée précise des sujets qui pourraient meubler les échanges entre le Chef de l’Etat Camerounais, Paul Biya et son homologue Français, si jamais les deux hommes s’entretiennent en tête à tête dans les prochains jours.
En tout cas, on sera rapidement fixé dans les heures ou jours qui viennent sur un déplacement ou pas d’Emmanuel Macron au Cameroun à la date indiquée par des médias.
Mais déjà comme toujours, les rencontres au sommet entre les dirigeants Français et Camerounais offrent l’opportunité aux acteurs politiques et de la société civile au Cameroun, de faire entendre leurs voix sur les relations franco-camerounaises.
Cette année comme les précédentes fois, ces hommes et femmes rappellent à la France, ancienne puissance tutélaire du Cameroun qu’elle a administré comme une véritable colonie de 1916 jusqu’à l’indépendance le 01er janvier 1960, les crimes qu’elle a perpétré durant son occupation du pays.
Au cours du dernier déplacement d’un Chef d’Etat Français au Cameroun le 03 juillet 2015, François Hollande en l’occurrence , avait reconnu que son pays avait mené « une répression terrible » en pays Bassa et Bamiléké durant la lutte menée par les nationalistes Camerounais pour l’indépendance du pays.
Il avait aussi indiqué, sans présenter des excuses, que la France était prête à ouvrir les archives de cette période si les autorités camerounaises en exprimaient la demande. Une telle réclamation n’a jamais été formulée par Yaoundé à l’endroit de Paris à la connaissance du grand public.
Par ailleurs, la France ne s’est jamais engagée à réparer ses crimes perpétrés au Cameroun.
Pourtant, il va bien falloir un jour solder les comptes de ce passé « colonial.» Tant que cela n’est pas fait, l’opinion camerounaise ne cessera de mettre le sujet au-devant de la scène chaque fois que l’opportunité lui sera donnée.
Des critiques au sein de l’opinion dénoncent aussi régulièrement une sorte de poursuite de l’impérialisme Français au Cameroun perçu par ces hommes et femmes comme une « néocolonie de la France. »
Paris utilise en effet selon eux sa trop grande influence sur le pays, pour maintenir le Cameroun dans la zone monétaire du franc CFA au détriment de la compétitivité de son économie sur le plan économique ; et au plan politique, la France soutient un régime « dictatorial et corrompu» qui méprise les droits humains et les règles du jeu démocratique, mais qui lui est favorable.
Emmanuel Macron a d’ailleurs été amené à s’exprimer sur la situation politique interne au Cameroun depuis son pays, après avoir été interpellé par des activistes Camerounais.
C’est pourquoi, certains pensent qu’Emmanuel Macron pourrait aborder à découvert ou en coulisse des questions de politique intérieure locale ; d’autres parlent même de succession au sommet de l’Etat avec ses interlocuteurs, s’il vient au Cameroun.
Mais à l’évidence, le Chef de l’Etat Français viendrait à Yaoundé pour mieux consolider les intérêts de son pays à défaut de les accroître au Cameroun. Le reste relève davantage des Camerounais eux-mêmes.