Par Sandra Embollo
L’Ong Human Rights Watch (Hrw) a dénoncé une nouvelle « répression » du pouvoir camerounais contre l’opposition à l’approche des élections de 2025, après que le gouvernement de Paul Biya a déclaré « illégal » le regroupement de ses principaux partis dans deux plates-formes.
Depuis sa réélection en 2018 pour un septième mandat, contestée par l’opposition et les Ong internationales, le président Biya, 91 ans, qui dirige sans partage ce vaste pays d’Afrique centrale depuis plus de quarante et un ans, fait sévèrement réprimer toute opposition, dénonce régulièrement Hrw. Dans un communiqué publié le 12 mars, son gouvernement a déclaré « illégales » et « clandestines » deux plates-formes regroupant les principaux partis et organisations de la société civile de l’opposition en vue des élections présidentielle et législatives de 2025, l’Alliance politique pour le changement (Apc) et l’Alliance pour une transition politique au Cameroun (Atp).
« Les Camerounais ont vu Paul Biya affaiblir toute opposition politique significative au cours des quatre dernières décennies, et cette interdiction est un nouvel exemple », « dans la lignée d’une répression gouvernementale récente vis-à-vis de l’opposition et de la dissidence ».
écrit HRW dans un communiqué daté du jeudi 21 mars.
Arrestations arbitraires
L’annonce déclarant « illégales » des « coalitions » politiques « montre comment les autorités camerounaises agissent pour fermer l’espace à l’opposition et au débat public à l’approche des élections présidentielles de 2025 », selon l’Ong, qui évoque un nouveau « viol des droits à la liberté d’expression, d’association, de réunion pacifique et de participation à la vie politique ».
L’Apc, créée en décembre 2023, soutient une future candidature à la présidentielle de Maurice Kamto, arrivé second au scrutin de 2018 dont il a contesté les résultats, qu’il juge « frauduleux ». En 2019, il avait été emprisonné neuf mois sans procès, avant d’être remis en liberté sous la pression de la communauté internationale et des Ong.
En 2019 et 2020, près de sept cents cadres et militants de son parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), avaient été arrêtés pendant et après des « marches incontestablement pacifiques » mais « objets de violentes répressions », avaient accusé des experts mandatés par l’Onu en novembre 2022. Aujourd’hui, quarante et un d’entre eux sont toujours emprisonnés, condamnés à sept années de prison, notamment pour « insurrection ». En juin 2023, Amnesty International avait aussi accusé le pouvoir de « violation des droits humains » pour avoir emprisonné « arbitrairement » des opposants, des civils, des journalistes, des responsables de la société civile, et les avoir fait juger par des tribunaux militaires en invoquant des actes de terrorisme.