Par Félix Cyriaque Ebolé Bola
Le préfet du département du Wouri abritant la métropole économique camerounaise, Douala, a été pris en flagrant délit de racket en vue d’assurer les obsèques de sa génitrice. Dans une lettre au directeur général de la Société anonyme des brasseries du Cameroun (Sabc), datée du 25 mai et devenue virale sur les réseaux sociaux, Benjamin Mboutou annonce à son correspondant le décès de sa maman survenu le 8 d’avant des suites de maladie.
Pour l’organisation des obsèques, prévues du 17 au 18 juin dans la localité de Mbangassina (Centre), l’autorité préfectorale sollicite ainsi «un appui (boissons et bière à pression)». «A cet effet, appuie-t-il sur le ton de la menace, je vous saurais gré de bien vouloir prendre attache avec mon secrétaire particulier au numéro de téléphone (…).» Il convient de préciser que la correspondance de M. le préfet, pour privée qu’on peut l’imaginer, est rédigée avec le papier en-tête de ses services comportant les armoiries de la République. Des sources concordantes indiquent en outre que l’autorité aurait usé de la même démarche vis-à-vis de plusieurs autres opérateurs économiques de son territoire de compétence.
En poste depuis le 18 octobre 2019, M. Mboutou ne semble pas avoir bonne presse dans son unité de compétence où l’on se plait de rappeler, entre autres, qu’il organisa force opérations musclées dès sa prise de fonction. A l’occasion, le préfet en personne procédait à la saisie de motos-taxis, dont la libération était conditionnée par le paiement de fortes amendes.
Administrateur civil principal, Benjamin Mboutou pourrait avoir à subir les rigueurs de la loi si jamais un magistrat décidait de s’intéresser à ce cas digne des faits divers glauques. En effet, l’article 245 du Code pénal camerounais punit d’un emprisonnement de 15 jours à 6 mois «celui qui ayant des moyens de subsistance ou pouvant se les procurer par le travail, sollicite la charité en quelque lieu que ce soit». La disposition suivante, qui traite de la mendicité aggravée, punit pour sa part d’un emprisonnement de 6 mois à 2 ans le mendiant, même invalide ou démuni de ressources qui sollicite la charité en usant d’injure, de menaces ou de violences, en entrant sans permission de l’occupant dans une habitation ou un enclos en dépendant, en simulant des plaies ou infirmités, etc.
Mon’Esse