Par Félix C. Ebolé Bola
Le ministre camerounais en charge de l’Administration territoriale (Minat, Intérieur), Paul Atanga Nji, a demandé aux gouverneurs des 10 régions du pays de veiller à ce qu’aucun débat, désormais, ne soit organisé dans les médias audiovisuels privés à propos de l’état de santé du président Paul Biya.
Dans cette note, datée de mercredi et parvenue le lendemain à la rédaction, il demande à chacun de ces responsables de
«créer auprès de ses services compétents, des cellules de veille chargées de suivre et d’enregistrer toutes les émissions et débats dans les médias privés et d’identifier les auteurs des commentaires tendancieux, y compris ceux qui agissent à travers les réseaux sociaux».
Pour lui, le chef de l’Etat étant «la première institution de la République», les débats autour de son état de santé relèvent «du domaine de la sécurité nationale».
Surtout que, mentionne-t-il, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi et son collègue, directeur du cabinet civil de la présidence de la République, Samuel Mvondo Ayolo, ont chacun publié des communiqués condamnant ces dérives et apportant un démenti formel aux rumeurs fantaisistes sur Paul Biya.
Cette sortie musclée du Minat, rappelle-t-on, intervient de communiqués, tout aussi virils de MM. Sadi, Mvondo Ayolo, du secrétaire général adjoint du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir), Grégoire Owona et même du responsable de la communication dudit parti, Jacques Fame Ndongo, qui ont pêle-mêle dénoncé un
«stratagème fantasmagorique», du «fantasme» et de la «pure imagination», de la «méchanceté» et de la «haine», mais aussi des «personnes malveillantes à travers les réseaux sociaux».
Ici et là, ils ont condamné des publications, sur une «chaîne de télévision étrangère», d’informations annonçant la disparition à l’étranger du président de la République, des auteurs qui, selon M. Owona,
«tentent, par divers moyens, de tromper l’opinion en annonçant le décès» de Paul Biya et qui doivent en «payer le prix fort».
Parti du pays en début septembre, pour le sommet Chine-Afrique de Beijing, le chef de l’Etat n’a pas réapparu dans son pays depuis lors. Tout comme il était absent à l’assemblée générale des Nations Unies, au sommet de la Francophonie de Paris ou encore à celui sur le développement durable, tenu en début octobre à Hambourg en Allemagne.
Cette série de rendez-vous manqués, qui s’ajoute à la non-publication dans les délais habituels de la circulaire présidentielle relative à la préparation du budget de l’État pour 2025, en a rajouté aux rumeurs les plus vives quant à la santé de M. Biya, bientôt 92 printemps dont 42 à la tête du pays.