Par Paul Tjeg
Les pèlerins musulmans désireux de se rendre à la Mecque pour accomplir le saint pèlerinage vont de nouveau bénéficier de l’appui financier du chef de l’Etat cette année. C’est du moins ce qui transparaît d’une correspondance du ministre de l’Administration territoriale (Minat), par ailleurs président de la Commission nationale du Hadj.
«Le ministre de l’Administration territoriale, président de la Commission nationale du Hadj informe l’opinion publique et la communauté musulmane que le chef de l’Etat a accordé une subvention d’appoint d’un milliard (1 000 000 000) à ladite commission»,
peut-t-on lire dans ce document qui date du 5 mai 2023.
Ce geste de bonté du président de la République initié depuis 2019 est souvent accompagné de vives critiques formulées par l’opposition. D’aucuns estiment qu’il s’agit d’une dilapidation du contribuable camerounais pour une initiative qui n’a aucune incidence sur le développement du pays. Ce discours qui pouvait choquer il y a encore de cela 2 ou 3 ans, est aujourd’hui complètement en phase avec la réalité. Le pays est en proie à une inflation généralisée héritée de la guerre en Ukraine qui a bouleversé les chaînes d’approvisionnement. Selon le Fonds monétaire international(FMI) le taux d’inflation au Cameroun devrait se situer à 6% à fin 2023.
L’institution de Bretton Woods a donc préconisé à l’issue d’une mission effectuée au Cameroun en janvier dernier, la création de plus d’espace budgétaire afin de financer des dépenses prioritaires telles que les infrastructures, la santé et l’éducation. Afin de se conformer à cette exigence, le gouvernement a décidé de réduire, en février, les subventions aux carburants. Mais cette prescription ne semble pas s’appliquer à l’appui financier accordé aux pèlerins musulmans pour l’accomplissement du pèlerinage à la Mecque, qui participe de la «magnanimité légendaire» du Chef de l’Etat, comme aime le rappeler le Minat.
Au Ghana on est également friand de cette pratique. L’année dernière le gouvernement ghanéen a déboursé 2,31 milliards de Fcfa pour permettre aux musulmans de se rendre à la Mecque. En Indonésie, c’est plus de la moitié du coût global du hadj qui a été supporté par l’Etat. Tandis qu’au Nigéria, il y a 5 ans, la décision d’accorder des subventions pour le Hadj avait créé des remous au sein de la population.
Une levée de boucliers compréhensible, car cette poche de dépense n’est pas inscrite dans le budget de l’Etat. Elle est habituellement créée pour alléger la charge financière des pèlerins qui n’arrivent pas à payer leur voyage pour la Mecque, parfois en raison d’une hausse des coûts décidée unilatéralement par l’Arabie Saoudite. En 2022, par exemple, le gouvernement saoudien, convoquant la «la modernisation des infrastructures d’hébergement», a fixé des prix qui s’établissaient en moyenne à hauteur de 4 millions de Fcfa.