Accueil OpinionEconomie Cameroun > Hausse des prix: Ecoutez les cris du peuple !

Cameroun > Hausse des prix: Ecoutez les cris du peuple !

La partie de cache-cache jouée par le gouvernement avec les populations, depuis quelques années, pourrait avoir de fâcheuses conséquences sur la quiétude sociale. Depuis que Yaoundé a ouvertement admis la cherté du coût de la vie et, a pris l'engagement d'adoucir la complainte des populations camerounaises, rien n'y fait.

Par panorama papers
0 commentaire 1,3K vues

Avec Emmanuel Kueka, Homme politique

Les 24 et 25 novembre 2022, le gouvernement a initié un projet de loi de finances diamétralement opposé à ses promesses et aux attentes des camerounais. Une stratégie visiblement bien ourdie. Alors que la session avait débutée le 11 novembre 2022, le gouvernement fait fuiter une ébauche de projet de loi de finance consacré à l’année 2023. Question d’apprécier la réaction des masses auxquelles il entend imposer son projet dès le 1er janvier 2023.

Engagements et promesses non-tenus

En des termes savant, le draft de la loi de finances 2023 vient clairement indiquer la hausse des produits de consommation courante. Un projet qui vient clairement indiquer le renoncement du gouvernement vis-à-vis des engagements quil a pris au lendemain des «Emeutes de la faim» qui ont secoué le Cameroun tout entier, en 2008. Il en ressort que le gouvernement prend l’option de la re-fiscalisation graduelle de certaines marchandises à linstar du riz, des poissons congelés ainsi que la farine de froment et de méteil. Projet savamment emballé sous le prisme de la politique de l’import/substitution. Le gouvernement ne s’arrête dailleurs pas là. L’amertume de la pilule est renforcée par la hausse du timbre fiscal. Passée le temps de la jauge, passé sous le couvert de la distraction entretenue autour de l’évènement sportif qui monopolisait les attentions des populations, le gouvernement prévoit désormais de faire avaler la pilule aux populations déjà éreintées.

Le projet gouvernemental, est davantage claire, depuis le dépôt du projet de loi n°2030/Pj/An portant loi de finances de la république pour l’exercice 2023. En conformité avec les orientations et prescriptions du Chef de l’Etat dans sa circulaire n°001 du 23 août 2022 relative à la préparation du budget de l’Etat pour l’exercice 2023, les dispositions de la fiscalité de porte (douane), interne (impôts), voire locale, sont explicites de la « mayonnaise » fiscale concoctée au plus haut sommet de l’Etat, et difficilement ou insusceptible de changement au niveau du parlement, en cette veille d’élections sénatoriales. Intéressons-nous, dans le présent article, à la fiscalité de porte, c’est-à-dire aux éléments portant sur les droits et taxes de douane au titre de la politique budgétaire 2023.

Il faut relire les dispositions de la circulaire 001 du 23 août 2022 pour mieux comprendre. Notamment dans son paragraphe 21, onze (11) priorités ont été assignées à l’administration des douanes à savoir, et entre autres :

  • (i) l’allégement de la charge fiscale sur les biens d’équipement et de production importés dans le cadre de l’implémentation de la politique d’import/substitution ;
  • (ii)la taxation à l’exportation pour encourager le « made in Cameroon » ; 
  • (iii) mise en place dune politique fiscale incitative en vue de l’utilisation des produits locaux comme matières premières dans la transformation structurelle de l’économie ;
  • (iv) les solutions aux exonérations fiscalo-douanières ;
  • (v) plaidoyer auprès de la Cemac de l’adaptation de la politique du Tarif Extérieur Commun en adéquation avec la vision de la transformation structure des économies de la sous-région, etc.

Qu’en est-il de la conformité des susdites prescriptions aux dispositions y relatives contenues dans le projet de loi n°2030/Pj/An, portant loi de finances au titre du budget de l’Etat pour lannée 2023 ? Le chapitre « premier » en ses dispositions des articles cinquième à seizième dudit projet de loi, est consacré aux « dispositions relatives aux droits et taxes de douane ». Il y est successivement évoqué :

  • (i) la taxation des marchandises acquises dans le cadre du commerce électronique ;
  • (ii) les modalités spécifiques de collecte des droits et taxes de douane à limportation des téléphones portables, tablettes et terminaux numériques ;
  • (iii) les modalités de collecte et de recouvrement des droits et taxe de douane dans lexécution des marchés publics ;
  • (iv) les droits daccise à limportation des tabacs et cigarettes, bières de malt, vins de raisin, vermouth et boissons fermentées, mayonnaise, tomates et autres préparations, etc. ;
  • (v) la redevance informatique ;
  • (vi) la taxation à l’exportation ;
  • (vii) les prix de transferts pratiqués à lintérieur des grands groupes industriels ou commerciaux ayant leurs filiales au Cameroun ;
  • (viii) les avances de fonds en vue du financement anticipé des exportations ;
  • (ix) les sanctions des transferts frauduleux des fonds non assortis d’importations effectives des biens et services etc.

Les producteurs locaux ignorés

De la lecture fine des dispositions transmise (imposées ?) au législateur, force est de relever que le Gouvernement n’est pas suffisamment prêt à procéder aux réformes attendues du secteur privé, notamment des membres du Gicam qui ont souhaité voir les pouvoirs publics veiller et contribuer à «bâtir une économie viable et prospère, et un système fiscal performant et favorable au développement des affaires». Les prescriptions de Chef de l’Etat relatives principalement à l’allégement de la charge fiscale sur les biens d’équipement et de production importés dans le cadre de l’implémentation de la politique d’import/substitution  d’une part, et à la mise en place d’une politique fiscale incitative en vue de l’utilisation des produits locaux comme matières premières dans la transformation structurelle de l’économie restent circonscrites aux dispositions de la loi de 2013 sur les incitations fiscales au titre de l’investissement privé. Dans son discours de présentation du programme économique, financier et social de son Gouvernement à l’assemblée nationale, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement n’a point évoqué la politique budgétaire de son équipe. Il s’est limité à lister les projets d’infrastructures et sociaux là le secteur privé l’orgnait le courage du Gouvernement à parler au peuple à travers ses représentants. L’augmentation mécanique et régulière dannée en année, des dépenses du mammouth gouvernemental et ses démembrements des dépenses a plutôt favorisé un accroissement du budget sur la base de prévisions macroéconomiques discutables et sur lesquelles nous reviendrons.

Ainsi, l’assiette fiscale au niveau des frontières douanières va s’élargir avec la taxation des importations induites par le commerce électronique par l’application du tarif extérieur commun ; le renforcement des mesures spécifiques de collecte et de recouvrement des droits et taxes de douane sur les importations des téléphones portables, tablettes et terminaux numériques. De l’article sixième, il ressort que les dispositions y relatives dans la loi de finances de 2019 (article septième) sont modifiées. Toutefois, les points d) et e) de l’alinéa 1 de cet article sixième viennent adoucir la pilule fiscale à travers l’abattement de 50% de la valeur imposable pendant 24 mois d’une part, et d’autre part, l’amnistie fiscale pour tous les téléphones portables tablettes et terminaux numériques déjà connectés aux différents réseaux des opérateurs de téléphonie avant la date dentrée du nouveau dispositif qu’explicitera la prochaine instruction du Dgd, devant marquer l’exécution de la loi de finances 2023.

Valeur résiduelle

L’article septième du projet de loi de finances soumis à la représentation nationale, lequel évoque les modalités de collecte des droits et taxes de douane sur la commande publique ou les marchés publics, les dispositions des lois de finances 2018 et 2019 sont renforcées. En rappelant que les marchés publics sont soumis aux droits de douane et à la Tva pour leurs aspects portant importation des biens, le législateur est appelé à distinguer les dispositions communes de celles relatives spécifiquement aux marchés publics financés sur ressources propres ou extérieures. S’agissant des dispositions communes, retenons que les marchés publics induisant des importations doivent contenir dans les contrats le paiement des droits et taxes de douane. Il sera distingué les régimes de « mise à la consommation » pour les fournitures, matériaux et véhicules de tourisme, et « l’admission temporaire spéciale» pour matériels, appareils, engins et véhicules utilitaires susceptibles de réexportation. La mise à la consommation de cette dernière catégorie se fera désormais sur la base dune valeur résiduelle de 20% à la diligence du propriétaire. Pour ce qui est des marchés publics financés sur ressources propres, l’adjudicataire est le redevable légal des droits et taxe de douane tandis que pour la commande publique assurée par le biais des financements extérieurs, le maitre-d’ouvrage, l’adjudicataire et l’administration en charge des fonds de contrepartie, veilleront ensemble à prévoir les couvertures budgétaires nécessaires aux droits et taxes de douane autres redevances.

Hausses exponentielles

Pour ce qui est des droits daccise à l’importation de certaines marchandises, leur augmentation n’augure rien de bon pour le pouvoir dachat des ménages camerounais. Ils passent, ad valorem, à 50% pour les tabacs et cigarettes ; 30% pour les bières de malt, vins, vermouth, eaux minérales, boissons gazeuses et autres boissons fermentées ; 25% pour les emballages en carton, tuyaux en plastique, etc. et 12,5% pour les mayonnaises, tomates et condiments. C’est dire à quel point le panier de la ménagère sera rogné. Du coût de la vie à «zéro la vie» comme dirait un chanteur bien connu, pour les populations toutes couches sociales confondues, le pas a été allégrement franchi par la politique du «septennat des grandes opportunités». Comme lettre à la poste, le parlement a enregistré la mise à disposition de ce qui apparaît une bombe à retardement dans l’environnement social camerounais.

Ligne rouge

Autant dire que, pour la grande majorité des camerounais, l’année 2022 s’achève dans une posture relative d’essoufflement économique et financier tandis que lannée 2023 qui s’annonce est visiblement enveloppée d’un manteau de peur, d’incertitude et d’irritation. Reste à savoir si le gouvernement, en prière depuis quelques temps, écoute la voix de Dieu qui se manifeste dans les cris du peuple.

Subscribe
Notify of
guest

0 Comments
Inline Feedbacks
View all comments

à Lire Aussi

About Us / QUI SOMMES NOUS

As its name suggests, Panorama papers is a general information site which covers most of the world’s news in broad terms. We also have a YouTube channel where you will find great interviews and other current videos. Panorama papers is a PANORAMA GROUP LLC product. We work with our own means (without sponsors), to provide you with free and credible information.

US CONTACT

  1. 13384 Marrywood Court, Milton, Georgia 30004, United States of America;
  2. Email:  info@panoramapapers.com
  3. Tel.: +17707561762, +17035012817 
  4. Africa Office BP. 35435 Yaoundé-Bastos, Cameroon (+237) 699460010

SILICON VALLEY 237 APPELEZ VITE

© Copyright 2022 – PANORAMA GROUP LLC  All rights reserved. Deasigned by Adama Fofere Namen

0
Cliquez pour commenterx
()
x