Par René Mbarga
Quelques-uns accusent, le premier cité d’avoir prétendument « profané » la mémoire du défunt ou encore de manquer d’élégance. Au motif que chez les bantous, on ne dit pas du mal des morts, parce qu’ils ne sont plus là, pour se défendre. Hubert Mono Ndjana avait pourtant été martyrisé et humilié par le régime de Paul Biya, jusqu-aux dernières minutes de son parcours terrestre. Abandonné par ses camarades du parti à l’hôpital central de Yaoundé ; une évacuation sanitaire aurait probablement sauvé l’auteur de « L’écume des tontines » et théoricien de l’ethno fascisme bamiléké.
Le pestiféré voué aux gémonies de la république…
Idéologue du rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), aux aurores de son lancement en 1985, le philosophe a servi et même très bien servi Paul Biya et ses amis, sans contrepartie. Dégommé du secrétariat à la communication du parti de la flamme, pour avoir marqué son refus à une soi-disant « initiation », Mono Ndjana ne fut plus, qu’un paria de la république. Chassé de l’office du baccalauréat du Cameroun dans les années 1990 et remplacé par l’une de ses anciennes étudiantes, une certaine Rachel Bidja Ava ; ce pestiféré connu un sort similaire à la société civile des droits de la littérature et des arts dramatiques (Sociladra), qu’il avait quasiment forgé de ses propres mains. Substitué par Elise Mbala Meka, Hubert Mono Ndjana réclamait encore jusqu’à sa mort ; des arriérés de salaire qui dataient de l’époque où il occupait les fonctions de président du conseil d’administration de cette société de gestion, des droits d’auteurs.
À son départ à la retraite, pour arrondir ses fins de mois, le premier professeur titulaire des universités en philosophie au Cameroun, qui bénéficia de quelques heures d’enseignements du recteur Magloire Ondoa ; à l’université de Douala ; fut une fois de plus, chassé comme un malpropre, suite à un arrêté ministériel, prohibant l’attribution des cours aux retraités.
Malgré ces multiples déboires, Hubert Mono Ndjana était resté rdpéciste et fidèle défenseur de Paul Biya et de son régime. C’est ce que semble observé Maurice Kamto, dans son hommage post mortem, lorsqu’il déplore le fait que le « tropisme ethno-idéologique » du disparu, l’avait empêché d’exploiter pleinement ses talents philosophiques. Lesquels furent selon l’opposant, mis au service d’une « mauvaise cause ». Le soutien inconditionnel au père du renouveau national, qui se trouve être son frère Ekang – Béti.
Or, rien ne justifiait plus, l’alignement de Mono Ndjana aux idéaux du Rdpc ; parti qui l’a humilié, martyrisé, moqué et tué à petit feu. Jusqu’à l’article de la mort, Paul Biya et ses amis auraient pu voler à son secours ; en lui concédant une évacuation sanitaire qu’il a pourtant réclamée de vive voix ; les larmes aux yeux dans une vidéo réalisée, quasiment sur son lit de mort.