Par Joël Onana
En d’autres termes, au cours de la période sous revue, qui correspond à 13 exercices budgétaires, l’enveloppe des recettes fiscales collectée par l’État camerounais auprès des différents contribuables a triplé.
À en croire le document du ministère des Finances, cette enveloppe a franchi pour la première fois la barre de 1 000 milliards de Fcfa au terme de l’exercice budgétaire 2012, dépasse les 2 000 milliards de Fcfa depuis l’année 2022, et est projetée à un peu plus de 2 900 milliards de Fcfa en cette année 2024. Par ailleurs, sur la foi du document précité, l’on observe que depuis l’année 2013, le gouvernement camerounais a toujours dépassé ses prévisions de collecte de recettes fiscales, ce qui lui a permis d’enchaîner onze années de dépassement des objectifs de collecte initiaux.
Au ministère des Finances, l’on met principalement ces progrès sur le compte de la modernisation de l’administration fiscale camerounaise, avec pour point d’orgue la simplification et la digitalisation des procédures. Cette réforme a non seulement permis de faciliter aux contribuables l’acquittement des impôts et taxes, qui peut désormais se faire à distance du début à la fin du processus ; de réduire le contact entre agents du fisc et contribuables, souvent porteurs de germes de pratiques répréhensibles ; mais aussi de sécuriser les recettes collectées, grâce notamment à la suppression de la manipulation des espèces dans les services des impôts.
Nouveaux impôts et taxes
Mieux, ces réformes visant à faciliter l’acquittement des impôts ont permis d’augmenter la population fiscalisée dans le pays, qui a été officiellement multipliée par 10 en l’espace de 13 ans, passant de 23 930 au cours de l’année 2010 à 234 511 contribuables en 2023. Cet effectif a même progressé de près de 70% sur la période de 3 ans allant de 2021 à 2023, apprend-on officiellement. « La généralisation de la télédéclaration dans les CDI (centres divisionnaires des impôts) a permis d’immatriculer et de fidéliser de nouveaux contribuables, ce qui a permis d’accroître significativement le nombre de contribuables actifs à partir de l’exercice 2022 », confirme-t-on à la direction générale des impôts (Dgi) du ministère des Finances.
Au demeurant, en plus de la digitalisation et de la simplification des procédures, la hausse progressive des recettes fiscales observée au cours des 13 dernières années au Cameroun s’explique par l’instauration de nouvelles taxes (taxe sur les transferts d’argent par voie électronique, taxation du e-commerce…), la révision à la hausse de certaines autres taxes comme le droit d’accises ou encore le timbre fiscal…, ainsi que la réorganisation de la collecte d’un certain nombre d’impôts et taxes (transfert de la collecte de la taxe d’aéroport aux compagnies aériennes, le couplement de la taxe automobile à la vignette automobile, etc.).
« Du point de vue de la structure fiscale, les recettes internes non pétrolières découlent principalement de la taxation de la consommation (51%), de l’imposition du revenu (36%) et du patrimoine (13%) », peut-on lire dans le document du ministère des Finances cité plus haut. En d’autres termes, au cours de la période sous revue, le Cameroun doit principalement ses recettes fiscales à la taxation de la consommation et des revenus des populations. Selon les données gouvernementales, ces deux rubriques procurent au Cameroun 87% de ses recettes fiscales.