Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Comment faut-il interpréter le fait qu’on mette le feu à la maison d’un homme fraichement décédé, dont le corps est encore à la morgue ? S’agit-il d’une manifestation de la haine viscérale dont les séparatistes ont toujours entretenue du fait de son engagement politique en faveur de la forme fédérale de l’Etat ?
Ou bien l’assagissement du défunt qui a jugé nécessaire d’abandonner le radicalisme vis-à-vis du pouvoir en place est toujours mal digéré par les partisans de la violence qui ont du reste pris les armes ? En quoi l’inhumation du Chairman dans son village natal est-elle un problème ?
Ceux qui ont pris les armes veulent-ils signifier au régime que Ni John Fru Ndi lui appartient et que de ce fait, même ses restes doivent subir le même sort que les symboles de l’Etat dans les deux régions anglophones du pays ? Les écoles, les hôpitaux et même les églises sont déjà passés par les flammes dans cette zone du pays.
L’incendie de la maison de Ni John Fru Ndi dans son village natal montre bien une volonté des séparatistes de marquer toute leur opposition à toute forme de consensus même devant la mort. Veulent-Ils semer la psychose et forcer la famille à inhumer le défunt hors de sa terre natale comme il en avait été avec d’autres cadres du parti à l’exemple de Joseph Nyang Mbah Ndam qui repose à Yaoundé depuis 2020 loin de sa terre de Batibo qui l’a vu naître ?
Quand bien même le Chairman aurait rejoint ses ancêtres à Baba 2, qu’en sera-t-il de sa sépulture quand tout le beau monde qui l’accompagne à son lieu de repos éternel à la fin de ce mois sera reparti ? Il n’est pas sot de penser à une éventuelle profanation de la tombe.
Comme on le voit, l’intolérance est à son comble, au point où en accompagnant cette élite politique dans son fief, on est tenu de prendre des mesures sécuritaires pour assurer son inhumation et pourquoi pas la sécurité de sa tombe. C’est à ce moment précis qu’on découvre toute la face lugubre du conflit en cours. Ni John Fru Ndi, décédé le 12 juin dernier, si on pleure l’homme à Yaoundé semble ne pas inciter tout le monde au recueillement ou à l’arrêt de l’esprit belligène devant la mort.
Celui qui avait été kidnappé de son vivant à deux reprises par les bandes sécessionnistes qui lui intimaient l’ordre de se rallier en vain à leur cause, continuent visiblement de souffrir le martyr pour son engagement politique.
C’est le lieu de le dire, car les séparatistes ont toujours considéré les anglophones fédéralistes comme des adversaires politiques à défaut d’être des ennemis. On le sait, ces derniers ont déjà par le passé essayé d’incendier la propriété du défunt ou en jetant des grenades dans sa résidence. Il ne cessait de le témoigner de son vivant pour marquer toute son indignation. Cette situation pour incompréhensible qu’elle soit, devrait susciter un élan national vers la paix à travers un dialogue franc et sincère.