Par Rostand TCHAMI
Ledit projet a été officiellement mis en service et présenté au public le 30 juin dernier à Yaoundé par le Club des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun (Cjarc). Il s’agit du projet Supeh qui est une Base de données (Bdd) centralisées en ligne disposant aussi d’une application mobile utilisable avec ou sans connexion internet. La Bdd ainsi que son application mobile téléchargeable sur Play Store et dans www.supeh.org contient des données dynamiques sur les personnes handicapées du Cameroun. Elle (la Bdd) permettra aux décideurs et partenaires au développement de savoir en temps réel combien de personnes handicapées sont dans une localité donnée, quels sont leurs types de handicaps, leurs besoins, quel partenaire intervient déjà dans une zone, avec quelles activités et quelles cibles. Car comme le reconnait l’Organisation des nations unies (Onu), la problématique de la gestion statistique et opérationnelle des personnes handicapées présente un intérêt crucial pour leur inclusion et autonomisation.
Face à la raréfaction des ressources, « une gestion harmonisée des données sur les personnes handicapées pourrait permettre d’optimiser les performances des interventions de divers acteurs et de développer des politiques plus spécifiques et à fort impact non seulement sur les personnes handicapées mais également sur la société tout entière », a souligné Coco Bertin Mowa, directeur général du Cjarc. A travers donc cette Bdd, il est désormais possible entre autres : d’avoir une meilleure traçabilité des personnes handicapées bénéficiaires d’un accompagnement quelconque, sans risque de doublon (une même personne handicapée ne recevra plus les mêmes appuis auprès d’institutions différentes tandis que les autres sont dans le même besoin) ; d’accéder aux bénéficiaires sans avoir besoin de se déplacer ; d’éviter à des équipes de devoir sillonner le pays à la recherche de personnes handicapées ; de connaître les actions et besoins des personnes handicapées de manière individuelle, par quartier/village, commune, département, région et national ; de prendre en compte toutes les personnes handicapées de manière égalitaire ; de mieux organiser et optimiser les aides et appuis déjà existants ; d’élaborer des planifications avec des indicateurs fiables, quantitatifs et qualitatifs objectivement vérifiables.
Harmonisation des statistiques
Il faut rappeler que la mise sur pied de cette plateforme digitale n’est pas le fait du hasard. Cela arrive à un moment où l’accès aux statistiques sur les personnes handicapées est quasi impossible et même inexistante. Les données disponibles datent de 2005. Il ressort que lors du 3ème recensement général de la population (Rgph) du Cameroun en 2005, sur une population totale de 17 millions 463 mille 836 habitants, le Cameroun comptait 262 mille 119 personnes vivant avec au moins un handicap. En 2010, en se basant sur le rapport mondial sur le handicap publié en 2010 conjointement par l’Organisation mondiale de la santé et la Banque mondiale, le ministère des Affaires sociales a juste estimé à près de 2 millions 910 mille, le nombre de personnes vivant avec un handicap au Cameroun. Il ressort clairement de ces différentes sources, une faible harmonisation des statistiques sur les personnes handicapées. Toute chose que devra régulariser la plateforme lancée le 30 juin dernier à Yaoundé par le Cjarc.