Par Eric Boniface Tchouakeu
Selon les autorités, les inondations de cette année notamment dans les départements du Logone et Chari, du Diamare, du Mayo Kani, du Mayo Tsanaga et du Mayo Danay ont déjà causé onze (11) morts.
Ces inondations impactent de manière directe dix-neuf(19) des trente-deux(32) districts de santé dans la région ; et parmi les 19 districts de santé impactés, quinze (15) sont en situation d’extrême urgence d’après une note des services de communication du Ministère de la santé en date du 13 septembre 2024.
A en croire encore cette source, 60.777 ménages sont sinistrés, incluant 123.441 enfants de moins de cinq (05) ans touchés et 26.591 femmes enceintes affectées ; et 10.240 malades recensés ont été, ou sont pris en charge dans des formations sanitaires locales.
De manière globale, et d’après un bilan actualisé donné le 04 septembre 2024 par le système des Nations Unies, au moins 200 mille 75 personnes sont affectées par ces inondations qui ont par ailleurs détruit 12.541 maisons, inondé 7.870 hectares de surfaces cultivables, et causé la perte de 1.298 têtes de bétails.
Dans une publication sur le réseau social X, anciennement tweeter, le Premier Ministre Chef du Gouvernement, Joseph Dion Ngute, se dit particulièrement affligé par les pertes en vies humaines occasionnées par le déchainement des forces de la nature, et exprime l’engagement ferme du Gouvernement qui ne saurait dit-il, rester passif face à cette tragédie qui présente le risque avéré de compromission de la sécurité alimentaire et de la santé des populations locales.
Le Ministre de l’Administration territoriale pour sa part a annoncé le 13 septembre 2024, que le Président de la République, Paul Biya a débloqué une enveloppe de 350 millions de FCFA pour venir en aide aux victimes des inondations.
Le matériel de couchage et des denrées alimentaires qui font partie de cette aide, vont être transportées par 50 Camions qui devraient partir de Yaoundé le 16 septembre pour la région de l’Extrême-Nord, selon le Ministre Paul AtangaNji qui affirme aussi que les dispositions ont été prises pour que l’école puisse continuer à fonctionner là où les personnes déplacées ont été provisoirement recasées, et pour continuer d’ assurer la mobilité dans la ville de Yagoua, chef-lieu du Département du Mayo Danay, où un pont a cédé sous la pression des eaux.
La gestion de cette catastrophe naturelle par le Gouvernement suscite ces derniers jours beaucoup de critiques au sein de l’opinion et de la part des acteurs politiques de l’opposition.
Le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, Maurice Kamto dans un appel à un élan de solidarité en faveur des populations de l’Extrême-Nord, victimes des inondations, écrit notamment je cite : « Depuis au moins 2012, cette région est régulièrement sinistrée, victime des inondations et autres catastrophes dont bon nombre auraient pu être évitées, puisqu’on connaît le cycle. » « Il faudra qu’un jour on fasse la lumière sur le rôle de la Direction de la Protection civile du Ministère de l’Administration territoriale et la destination des milliards de francs CFA qui lui sont alloués chaque année dans le budget de l’Etat », poursuit l’opposant pour qui la situation actuelle impose une extrême urgence à agir pour venir en aide aux populations affectées.
Le député Jean Michel Nitcheu, Leader du Front pour le Changement au Cameroun (FCC), souligne que le budget annuel moyen de la Direction de la Protection civile est de six (06) milliards de francs CFA, soit un total de 78 milliards engloutis en douze (12) ans.
Tout en demandant si les 350 millions sont des fonds publics ou l’argent propre du Président Paul Biya,il estime que cette somme débloquée pour venir en aide aux sinistrés est une insulte inadmissible à ces populations meurtries.
Pour le député Cabral Libii, par ailleurs Président du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale : « La réaction timorée du Gouvernement est inconséquente pour l’heure. »
« En deux semaines les pouvoirs publics ont pourtant dépensé huit (08) fois plus pour des matchs des équipes nationales de football », constate-il
Au-delà des polémiques, il convient de recommander aux pouvoirs publics d’assurer une bonne coordination et une bonne gestion des aides disponibles afin qu’elles puissent effectivement parvenir aux nécessiteux, en évitant des détournements qu’on a pu constater dans le passé en d’autres circonstances. Ils peuvent à cet effet solliciter des organisations humanitaires comme la Croix rouge qui ont une expertise avérée dans le domaine.
Il faut aussi au rythme de l’évaluation de la situation et des besoins, augmenter considérablement l’aide gouvernementale et s’il y a lieu, solliciter l’aide internationale.
Un appui économique aux sinistrés et la réhabilitation des infrastructures détruites devront également être érigés en priorité une fois les inondations terminées.
Enfin, les pouvoirs publics doivent investir dans la durée et en urgence pour prévenir et contenir d’autres catastrophes futures de même nature.