Par Arlette Akoumou Nga
A l’orée des années 2000, un ancien journaliste de Radio Canada résidant à Montréal, s’était rendu avec des partenaires étrangers à Yaoundé, dans le but d’y ouvrir un grand groupe de presse comprenant : une école de journalisme ; une chaine de radio et télévision compris. Ses bailleurs de fonds canadiens et américains qui exigeaient uniquement un agrément, gage de la caution morale des autorités gouvernementales ; avaient passé près d’un mois au Hilton hôtel de Yaoundé sans jamais obtenir le précieux sésame. Malgré le lobbying effectué par ce brillant éditorialiste lui-même, qui fit d’incroyables courbettes auprès d’un ministre de la République ; toute honte bue, le résultat escompté ne fut pas au rendez-vous.
Bien avant cela, en 1997, un ingénieur camerounais basé à Berlin en Allemagne avait formulé le vœu de mettre sur pied dans le pays, une société spécialisée dans la collecte et le traitement des ordures ménagères ; cet autre projet fit chou blanc; faute de l’assentiment des autorités.
Il y a quelques temps, un certain Joe Eric Cielenou, camerounais de souche et ancien marine américain a débarqué dans le pays, pour organiser un tournoi de foot U13 à Yaoundé. Reconverti comme éducateur sportif au lycée français de New-York ; le concerné avait prévu de distribuer des équipements sportifs, tels que : les maillots, les chaussures et les chaussettes aux jeunes footballeurs. Non seulement il ne put organiser sa compétition d’une douzaine d’équipes pour 72 heures, faute de stades disponibles ; mais surtout Joe Eric ne reçut pas, la moindre sollicitude de la part des responsables chargés de gérer les affaires de football.
Deux poids, deux mesures…
Selon l’article 31 de la loi n°1968- Lf-3 du 11 juin 1968 portant code de la nationalité, signée par Ahmadou Ahidjo : perd la nationalité camerounaise, le Camerounais majeur qui acquiert ou conserve volontairement une nationalité étrangère ; celui qui exerce la faculté de répudier la qualité de Camerounais conformément aux dispositions de la présente loi ou encore, celui qui, remplissant un emploi dans un service public d’un organisme international ou étranger, le conserve nonobstant l’injonction de le résigner faite par le Gouvernement camerounais. Sous ce prisme, la propension du pouvoir à révoquer sans aucune forme de procès, toutes les initiatives émanant des camerounais de la diaspora trouve tout son sens. Il va sans dire qu’en autorisant la double voire la triple nationalité, certains camerounais de l’extérieur ne manqueront pas de venir challenger les responsables politiques locaux en mettant en avant, la somme des expériences acquises hors de nos frontières.
Au Cameroun, plus de la moitié des membres du gouvernement sont détenteurs de plusieurs passeports étrangers. L’administrateur Directeur général de la société nationale des hydrocarbures (Snh) Adolphe Moudiki est réputé voter à l’ambassade de France lors des scrutins. Il avait d’ailleurs été aperçu à Olezoa où se trouve les locaux de cette représentation diplomatique pour y effectuer son devoir de citoyen ; lors de la présidentielle qui a permis à Emmanuel Macron de rempiler. Paul Biya le président de la république du Cameroun, lui-même serait à la fois français et suisse, si on s’en tient à une opinion largement répandue.
En 2015, les transferts d’argent émanant de la diaspora camerounaise ont été chiffrés à 585 milliards de Fcfa. « Ce chiffre représentait environ 33% du budget d’investissement public (Bip) du Cameroun pour l’année 2016 (1500 milliards FCfa), plus de 60% des financements nécessaires pour l’implémentation du plan d’urgence triennal du gouvernement camerounais (900 milliards de FCfa), ou près de 120% des financements recherchés pour la construction du barrage de Natchigal (400 milliards de FCfa), d’une capacité de 400 MW, en gestation au Cameroun » avait révélé notre confrère Investir.