Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Augustin Tamba a hâte d’en découdre avec les nombreux défis qui attendent pendant trois jours, les Communes et villes unies du Cameroun (Cvuc) dont il est le patron. Au cours de cette deuxième édition des Journées économiques internationales des communes de l’an 2023 (Jeicom 23) qui se tiennent au Palais des Congrès du 1er au 3 juin prochains, le maire de Yaoundé 7 et ses pairs des Cvuc ont le moral davantage gonflé à bloc par la déclaration présidentielle lors de son message à la Nation le 31 décembre 2022. « Pour ma part, je reste persuadé que les régions, les communautés urbaines et les communes peuvent et doivent apporter une contribution déterminante à la relance de notre économie, à la résolution de l’épineux problème du chômage des jeunes et à la vitalisation de la démocratie locale », assenait-il in extenso pour secouer ceux des élus locaux pris dans l’inertie. Il leur demande de prendre en mains leurs responsabilités pour travailler au bonheur des populations. Message reçu, dirait-on, cinq sur cinq par l’instance faîtière des 360 mairies et 14 communautés urbaines car les Jeicom 23 est une opportunité où les bailleurs de fonds et autres financiers, dans une démarche B2B, « win-win », discuteront avec les élus locaux des tenants et des aboutissants des différents projets à valeur ajoutée.
Pour ce faire, le patron des Cvuc annonce qu’il tient dejà la monographie des potentialités qu’offre chaque commune. C’est dire combien ces facilités vont diligenter la tâche aux différentes parties au cours de ce marché de 3 jours. Cet évènement dont la première édition s’est tenue du 3 au 5 décembre 2021 sous le très haut patronage du chef de l’Etat avec l’accompagnement du gouvernement et de la tutelle du ministère de la Décentralisation et du développement local (Minddevel), met en scène outre les 360 communes et 14 communautés urbaines, 10 régions, une vingtaine d’organisations internationales, une centaine de collectivités étrangères, environ 200 entreprises nationales, une centaine d’entreprises étrangères, une cinquantenaire de partenaires financiers et techniques, une centaine d’organismes et institutions gouvernementaux, de nombreux acteurs de l’économie sociale et solidaire, une vingtaine d’ambassadeurs et représentations diplomatiques et une vingtaine de partenaires au développement. Le patron des Cvuc souligne par ailleurs que « les investisseurs, les fonds d’investissement, les entreprises publiques et privées, qui ont effectué le déplacement pour notre belle cité capitale en 2021 seront tous de la partie. » Au cours de ces trois jours de rencontres, il y aura 14 panels, 74 experts et modérateurs, un colloque international, deux sessions plénières, 23 sessions de discussions thématiques, 104 stands déployés, 23 nationalités, 36 recommandations et propositions. Les travaux se feront aussi bien en présentiel qu’en visioconférence. Dans le premier cas, sur le site des stands, dans les B2B, les salons de signature des conventions et des salles de conférence. Dans le 2ème cas, les travaux se feront via une plateforme digitale développée et mise à contribution pour l’occasion, les membres des panels et les participants, auront l’opportunité d’échanger. Jeicom 23 aussi un espace commercial pour l’exposition et la vente des produits locaux et importés. Cet espace est ouvert et permettra aux petits commerçants et aux promoteurs de Gic de faire connaître leurs produits et de les proposer aux clients.
Le colloque international sur la sécurité alimentaire
« Les territoires face à l’impératif de la sécurité alimentaire » est le thème de réflexion et des échanges entre les collectivités territoriales décentralisées d’une part, les entreprises, fonds d’investissements, banques et autres institutions technico-financières d’autre part. Selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive, leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. Les axes tels que la territorialisation de la croissance économique : clé de la sécurité alimentaire ; les communes de production : autonomisation des Ctd et développement national ; l’agroalimentaire, agro-industrie et création des chaînes de valeur ; la modernisation infrastructurelle, développement durable et sécurité alimentaire, l’impact des changements climatiques et de la pollution sur la sécurité alimentaire : l’impératif d’une transition verte, nourriront les débats. Il faut par ailleurs préciser que les Jeicom 21 ont tenu leurs promesses. Dans ce sillage, il y a la signature de la Convention avec Sunna design pour la fourniture de plus de 100.000 lampadaires solaires à distribuer dans toutes les communes du Cameroun pour un coût total d’environ 65 milliards de Fcfa ; la signature d’une convention-cadre de partenariat avec la société Wallonne des eaux (Swde) ; l’accompagnement de Setec energie &environnement par les Cvuc dans le cadre d’un projet de collecte et de traitement des ordures (Fasep) dans 27 communes camerounaises ; la mise en place des maisons médicales dans au moins 5 communes du Cameroun, par le Groupe santé-essal ; la signature d’une convention avec le groupe Cita, pour la mise en place de certains projets agricoles à valeur ajoutée ; la signature d’un accord- cadre de partenariat entre les Cvuc et l’Institut africain de l’informatique (Iai-Cameroun) pour la digitalisation des services communaux, entre autres. Au Jeicom 2023 assurément, les parties prenantes ont hâte de renforcer la concrétisation et la coproduction économique de tous ces projets dans les territoires.
Réactions :
Patricia Tomaïno Ndam Njoya, président du syndicat des communes du Noun
« Les retombées des premières Journées sont nombreuses »
« Nous participons au Jeicom depuis la première édition dans le cadre du Syndicat des communes du Noun, et nous aimons à le dire, avons été partie prenante pour la mise sur pied de ce cadre inédit de rencontre nationale et internationale des communes du Cameroun avec pour axe prioritaire, la mise en exergue de nos atouts dans le domaine économique. Non seulement les communes camerounaises ont l’occasion d’échanger entre elles, ces dernières font la connaissance des communes des autres pays, ainsi que les institutions, groupes, partenaires de tous ordres, en fonction de chaque réalité et dynamique. Il y a un travail de préparation utile : prospectus, vidéos de présentation de nos villes…ce qui est un renforcement de capacité au cas où nous sommes appelés à participer à des foires et expositions au niveau international. Nos cadres qui nous accompagnent apprennent aussi et se forment. Dans le cadre de notre Syndicat où le Patrimoine culturel et environnemental en est l’essence, avec l’agriculture et l’artisanat, nous ciblons les partenaires à même de l’apprécier pour un circuit touristique qui va porter l’économie, secteur qu’il nous faut développer pour assurer le secteur tertiaire qui nous fait défaut. Les retombées des premières Journées sont nombreuses : nous échangeons plus facilement entre maires du Cameroun ; certains chefs d’entreprises nous ont rendu visite dans nos villes pour voir concrètement ce qui peut aller ; nous avons reçu certaines invitations de la part de nos partenaires dans leur pays…Pour en arriver à la réalisation concrète, le chemin est souvent long, cependant, dans un cadre où la décentralisation est affirmée par la Loi fondamentale, il faut bien prendre ce chemin de rencontres, d’échanges, de coopération dans un cadre institutionnel pays ».
Jean-Baptiste Amvouna Atemengue, maire de la commune de Ngoumou
« La seconde édition des jeicom23 sera donc forcément plus rentable »
« La première édition des Jeicom ont été un événement important pour notre pays au regard du nombre de participants nationaux et étrangers venant de tous les continents. Les experts qui intervenaient nous ont apporté beaucoup de connaissances et de lumière sur plusieurs aspects de la gestion municipale. Nous avons surtout pris beaucoup de contacts dont certains se sont concrétisés sur le terrain. Nous avançons dans la maturation de certaines idées de projet. Mais le mouvement municipal national dispose désormais d’un vivier de partenaires que chaque commune peut exploiter en cas de besoin. La seconde édition des jeicom23 sera donc forcément plus rentable puisque certains invités auront pris en compte l’environnement communal Camerounais pour améliorer leurs offres. Nous attendons encore beaucoup plus d’entreprises et organisations nationales et internationales. Nous espérons aussi une meilleure représentation de certains départements ministériels pour que ces participants venus d’ailleurs soient rassurés que le gouvernement camerounais et les maires vont dans la même direction d’approfondissement de la décentralisation. La commune de Ngoumou et le syndicat des communes de la Mefou et Akono viendront vendre leurs territoires et les projets qui nous tiennent à cœur. »
Propos recueillis par L.D.N.