Avec Saint Eloi Bidoung
Dès l’annonce de sa mort, le grand « R » qui l’a combattu pendant 30 et sans économie d’énergie, mon Dieux ; est très affligé, consterné et inconsolable. Puisqu’il est indécent, voire irrévérencieux, méchant et bête de parler d’un mort, moi Saint eloi Bidoung, je vous parle donc d’un vivant.
Pour entrer dans les bonnes grâces du maître François Mitterrand ; au soir de la ballade historique de « la Baule », Paul Biya s’était fabriqué un opposant. Parce qu’il en fallait pour chaque dictateur africain. Ce fut John Fru Ndi pour Biya du Cameroun. Il le fabriqua dans ses laboratoires et usines. Un libraire inconnu, du moins peu célébré de Ntarikon, et qui versa des tonnes d’encre et de salive sur les pages froissées de la démocratisation ; toujours, hélas, très attendue. Paul Biya eu son opposant et pu accéder à la noble et digne place de « meilleur élève » de la classe du maitre François Mitterrand. Cette duperie fût cachée au peuple camerounais pendant des années. Le peuple assoiffé, voulait le changement, pourtant il vécut le grand bluff. Paul Biya avait trompé toute la Nation avec sa marionnette Ni John Fru Ndi.
Le faux opposant Fru Ndi
Le film devrait s’intituler « Le grand bluff ». Celui qui met en scène un clown qui joue le rôle d’un tigre affamé. Quand il levait le poing pour clamer « power to the people », devant des partisans excités, il avait la force que lui procurait son ventre plein des restes de la cuisine du palais de l’unité. Généralement il avait le ventre plein et les poches remplies de billets de banque du Cabinet civil de la Présidence de la République.
Et les mots pour fustiger le régime de Paul Biya, aussi violement qu’il le faisait, lui était dictés par les éminences grises chargées de s’occuper de son petit cursus intellectuel.
John Fru Ndi vendait des livres, mais il ne les lisait pas. Quoi de plus facile pour se livrer à la solde d’un régime mesquin qui a érigé le banditisme en système. C’est le peuple qui a eu les yeux crevés. Ce peuple qui a cru en ce monsieur Fru Ndi et qui voyait en lui le sauveur et le rédempteur. Ce peuple qui lui offrit des suffrages en sacrifices. Des suffrages qui furent volés par des corbeaux sur l’autel de la démocratisation.
Des suffrages lui furent bien donnés tant pour le palais de l’unité que le pour le palais de verres. Seuls ceux qui ont donné ces voix ont toujours élevé la voix pour revendiquer leurs voix. Personnellement, John Fru Ndi n’a jamais déposé une plainte, même contre inconnu, pour vol de victoire à la présidentielle. Les marionnettistes du pouvoir en place n’avaient pas prévu qu’une bonne frange de la population adhérerait au discours populiste qu’ils avaient mis dans la bouche du chairman.
Pris en défaut, ils se sont empressés de truquer de manière fort brouillonne les résultats de l’élection présidentielle. John Fru Ndi a eu des paquets de liasses de billets d’argent, accepta sa défaite et se tu. Le peuple, dans la rue, ne pouvait pas savoir que ses voix avaient été dévoyées.
Sa formation politique s’appelle le « Sdf». Des initiales facilement et même objectivement rapprochables au Sdf, « sans domicile fixe ». Autant dire un chairman bien nommé, puis qu’il aura été lui-même un « sans domicile fixe ».
Il fût dans la rue et dans les grandes cours pour chahuter le régime. Il traitait le pouvoir en place de corrompu et réuni de corrupteurs et de voleurs. Il recevait alors l’hystérie collective d’une foule hypnotisée par ce discours courageux, pompeux et promoteur pour un changement qu’elle souhaitait. Mais c’était du cinéma, dans le genre nollywood. Le soir il se faisait ou se lassait corrompre par le même pouvoir, avec une grosse avance en billets pour le prochain meeting.
Le grand mensonge
John Fru Ndi n’aura jamais dit la vérité au peuple. Il n’aura jamais dit la vérité au moins à ceux qui croyaient naïvement en lui. Il n’aura jamais dit la vérité à ses cadres, qui furent entre autres trahisons, surpris de sa décision de désister à une élection de haute portée. Il aura toujours caché qu’il parlait couramment la langue française, préférant se faire traduire toute conversation pour donner une illusion de repli linguistique. Cette utopie avait été organisée dans les laboratoires du pouvoir en place et John Fru Ndi avait bien joué le dindon de la farce.
La mise en scène montrait un anglophone fougueux contre un francophone fourbi et c’était le bel exemple d’un pays en démocratisation avancée. Et chaque fois qu’il y avait des tourments dans son parti, quand son rôle de marionnette était menacé par une jeune garde mieux outillée intellectuellement et politiquement, c’est le pouvoir en place qui manœuvrait en coulisses pour sauver l’opposant personnel et bien aimé de Paul Biya.
La scène s’est déroulée plusieurs fois et John Fru Ndi est resté président à vie de son parti, sous la volonté du président à vie du parti et de la République qu’il prétendait combattre pour le changement. Les ramdams que faisaient les médias d’Etat autour de chaque mouvement, de chaque parole et de chaque geste du chairman, acides ou aseptisés, contre Paul Biya, donnaient bien qu’il n’était qu’un piètre comédien dans une pauvre pièce de théâtre.
John Fru Ndi n’a jamais déclaré les biens colossaux qu’il recevait du cabinet civil de la Présidence de la République. Ses cadres, naïfs et ignorants, faisaient du verbiage autour l’article 66 de la constitution et indexaient Paul Biya et sa valetaille quant au non-respect de cette obligation constitutionnelle.
D’une petite librairie mal courue à Bamenda, par rapport à « Mella press de Ndikoum » il est devenu un richissime bourgeois avec gardes et valets en uniforme.
Grâce aux prébendes qu’il recevait pour ses prestations de faux opposant. Qui saura combien de marchés publics fictifs, de locations institutionnelles, de donations secrètes en centaines de millions de francs, peuvent être mis dans les bénéfices du guignol de Paul Biya ? Nos informateurs nous renseignent que les énormes frais médicaux de son dernier séjour sanitaire aux Usa ont été entièrement et secrètement supportés par la Présidence de la République du Cameroun.
Autant pour les frais estudiantins de sa progéniture en Amérique du nord et en Grande-Bretagne actuellement. Cela rejoint la participation matérielle et financière de la Présidence de la République à tous les événements heureux ou malheureux auxquels le leader du Social democratic front aura été confronté pendant sa carrière de comédien. C’est pour cela qu’il n’a jamais rien dit de sérieux, du moins de décisif, au sujet de la crise anglophone qui fait tant de sang et de sueur depuis bientôt cinq ans. Pour ne pas effaroucher ceux pour qui il joue le rôle d’opposant. Pour ne pas perturber la source de sa curieuse richesse.
Au moment où il meurt, il était politiquement mort. Il aura vendu son parti au diable pour sauver son âme. Le Sdf peut-il se refaire une vie, une autre vie politique, après la disparition du clown de Paul Biya ?
Paul baya sentant sa mort venir, a réorganisé la renaissance de l’opposition au tour d’un mouvement ; à la tête duquel il plaça , un autre « fou de service » jouant bien le rôle clown au palais comme « fou du roi ».
Ce nouveau fou du roi, grassement payé pour singer des ambitions afin de servir d’écran à une nouvelle et franche opposition, réduite à des rivalités vaines et stériles entre les « Bamiléké et les Beti ». Tout ceci sous des slogans du genre : « à nous le tour » « sardinard et tontinards ».
Ce nouveau fou du roi, deviendra-il roi ? La est toute la question. C’est ce que Saint Eloi Bidoung appelle, une « opposition de convenance ».
C’est de ça qu’il s’agit, c’est ma part de vérité. Et ça, c’est du « Biyaisme authentique » Grand Maitre dans l’Art de l’intrigue, de la manipulation. Une Marque Déposée.