Par Éric Boniface Tchouakeu
Bruno Bekolo Ebe qui respire à nouveau l’air de la liberté maintenant, était incarcéré depuis mars 2018.
Le 04 octobre 2022, le même Tcs avait déclaré non coupable des actes de détournement des deniers publics, un autre ancien Recteur de l’Université de Douala.
Dieudonné Oyono avait alors déjà passé quatre ans derrière les barreaux.
Comme ces personnes citées, nombreux sont des citoyens, qui au quotidien, sont injustement privés de liberté souvent pendant des années, avant d’être innocentés plus tard par la justice.
Cette situation devrait provoquer un véritable audit du système de fonctionnement de la chaîne judiciaire au Cameroun afin de corriger des manquements.
Il n’échappe à personne aujourd’hui et plusieurs rapports de la Commission Nationale Anti- Corruption (Conac), principale institution chargée de la lutte contre la corruption au Cameroun le relèvent, que le système judiciaire est gangrené par la corruption et des trafics d’influence entre autres, au-delà des intrusions du pouvoir exécutif.
Conséquence, l’institution judiciaire est parfois utilisée à des fins de règlements de comptes.
Plusieurs personnes se retrouvent souvent ainsi privées de liberté et placées en garde à vue dans des cellules des commissariats de police et des brigades de gendarmerie et, ou en détention provisoire dans des prisons, même pour des infractions pour lesquelles elles pouvaient comparaître libres, en plus d’offrir des garanties de représentation.
Exceptionnellement, la loi ne permet certes pas de libération sous caution pour des personnes poursuivies pour certains crimes graves, comme des détournements des sommes considérables de l’argent public, mais elle n’oblige pas non plus que des personnes soupçonnées ou inculpées dans le cadre de cette infraction soient automatiquement incarcérées.
De même, des lenteurs judiciaires volontairement entretenus ou pas par ceux qui sont chargés d’administrer la justice, sont à l’origine des malheurs de nombreux justiciables et davantage des personnes en situation de privation de la liberté.
Ce sont là quelques causes de la surpopulation carcérale observée dans plusieurs prisons camerounaises à l’intérieur desquelles, on y dénombre généralement plus de personnes détenues provisoirement même au-delà des délais légalement autorisés, que des personnes définitivement condamnées.
Et la faute ne vient pas forcément de la loi, mais de la mauvaise application de la loi.
Cependant, en décidant de ne pas rendre automatique ou obligatoire par l’Etat, l’indemnisation des personnes injustement privées de liberté, les pouvoirs publics semblent cautionner les mauvaises pratiques des agents véreux en charge de l’administration de la justice au Cameroun.
Si l’Etat revoyait cette logique, tous les intervenants en charge de la de la répression dans la chaîne judicaire, intégreraient mieux la maxime selon laquelle « mieux vaut laisser en liberté un coupable que de punir un innocent », et ils réfléchiraient doublement avant de décider de priver quelqu’un de sa liberté, même pour une minute.