Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Maurice Kamto piaffait déjà d’impatience d’être sur le terrain si on en juge par ses sorties fréquentes demandant au régime de lui accorder une once d’espace pour faire montre de ce que vaut en réalité son partie ! Il a été exaucé et en dépit de moult péripéties, il a enfin obtenu de l’espace dans le préau d’une église pour montrer de quoi il est capable. Et le monde est venu au point où certains se sont demandé si le leader du Mrc n’est pas entré précocement en campagne présidentiel.
L’occasion s’y prêtait, même si au bout d’une allocution de près d’une trentaine de minutes, rien ne l’indique de manière absolue, il va sans dire que le ton et l’émotion charriée, avaient quelque chose qui rappelait la présidentielle de 2018 qui n’est pas toujours soldée dans le Mrc.
« Il ne m’a pas été possible de venir vous rendre hommage pour votre engagement et votre détermination qui nous ont permis de remporter une brillante victoire en 2018 et de mener par la force des choses, la résistance nationale en dépit des brimades, des violences, de l’acharnement haineux dont sont victimes les militants du Mrc depuis la fin de l’année 2018 »,
a lancé d’entame le challenger de Paul Biya au dernier scrutin présidentiel.
Le séjour en prison en 2019, la tournée à l’étranger, suivie de l’isolement dû au covid-19 en 2020, son assignation de facto en résidence surveillée, la même année, les péripéties de la gestion de l’initiative Scsi en 2021, la terreur déclenchée contre son parti à la suite des marches pacifiques, en particulier celles du 22 septembre 2020, sont les mobiles qu’il a égrenés in extenso pour justifier son absence à leur côté pendant près de 4 ans. Bien plus, il a déclaré en des propos on ne peut plus clairs, que l’Ouest est le fief du Mrc. Comme déjà indiqué plus haut, il conteste toujours les résultats de la dernière élection présidentielle, où selon lui, la région a jeté son dévolu sur sa personne. « Ma présence ici est ensuite le symbole d’un enracinement inébranlable. A ceux qui, de manière éhontée, foulant aux pieds nos traditions les plus profondes, sont allés à la Place des fêtes dire au monde qu’ils me renient, que « l’Ouest tourne définitivement le dos à Kamto », vous leur montrez votre attachement et votre affection pour un homme », assène-t-il avant de dire la messe du régime, avouant au passage que son seul crime est d’avoir osé dire non à la dictature, au tribalisme assumé, à la haine ethnique banalisée, à la perpétuation injustifiée d’une guerre fratricide, à la fraude électorale institutionnalisée, au pillage des ressources publiques dans l’impunité. Il est allé plus loin pour montrer qu’il est le patron politique dans la région.
« Vous avez montré au Cameroun et au monde que vous avez foi en notre lutte commune pour un changement dans la paix et par les urnes dans notre pays. Vous leur aviez déjà signifié cela par l’accueil sans précédent que vous m’avez réservé dans cette ville, lors de ma visite sur le site de la tragédie de Gouache. Vous le confirmez aujourd’hui encore, de façon éclatante et inoubliable, à l’occasion de la présente cérémonie. Je vous renouvelle du fond du cœur toute ma gratitude et mon affection ».
déclare-t-il, en guise de son amour indéfectible, à une foule conquise et survoltée.
La victoire de Maurice Kamto, une promesse
S’il y en a encore qui doute que le Mrc est en ordre de bataille, à tout au moins déjà dans la région de l’Ouest, les propos de son leader retentissent de manière cinglante.
«On peut essayer de cacher le soleil, mais on ne peut pas l’éteindre. On peut voler une victoire, mais on ne volera pas la promesse, celle que je vous ai annoncée lors de la campagne pour le scrutin présidentiel de 2018, et dont je n’en étais que le messager ».
confie-t-il à ses nombreux supporters massés dans le grand préau de l’église évangélique de Djiendam.
Il en a par ailleurs appelé à un nouveau départ du Mrc dans la région, « dans la sérénité et la confiance, en développant plus que par le passé l’implantation de notre parti dans tous les coins et recoins et dans toutes les couches de la population ; en mettant en œuvre – en synergie avec Elecam – une dynamique d’inscriptions massives des populations sur les listes électorales, car comme je n’ai cessé de vous le dire depuis dix ans que notre parti existe, nous réaliserons le changement que les Camerounais appellent de tous leurs vœux, dans la paix et par les urnes ». Revenant sur le boycott des élections législatives et municipales de février 2020, il a indiqué que son parti a évité le piège politique qui lui tendait le pouvoir-Rdpc en place.
A ce stade, il déclare ne pas en dire plus. « C’est parce que nous avons évité ce piège-là que le régime, furieux, est devenu franchement féroce contre le Mrc. Sinon, comment un parti politique auquel on a laissé le champ libre pour gagner tous les sièges peut-il être celui-là même qui fustige chaque jour notre « petit parti » de n’avoir pas pris part à cette mascarade électorale », s’interroge-t-il avant de se demander pourquoi le son parti porte son pantalon et ça sert le Rdpc. Depuis plus de deux ans, avoue-t-il, le parti présidentiel n’a pas digéré la pilule du boycott du Mrc, dont l’approbation populaire a, selon ses propos, montré l’étendue de l’illégitimité de ses élus. Toujours selon le leader du parti de la Renaissance, c’est la raison pour laquelle le Rdpc essaie de susciter dans ses rangs quelques individus sans foi ni loi qui s’agitent dans tous les sens, profèrent des menaces, déversent des torrents d’injures. Toute chose qui promet que la compagne de 2025 sera de haute facture, où toutes les stratégies seront éventrées sur la place publique.