Par Serge Aimé Bikoi
Depuis l’annonce de la mort de Yves Sébastien Emvudu Wono, alors Inspecteur numéro 1 des services au ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup), la famille biologique a requis une autopsie de sa dépouille. Question de déterminer l’agent causal de son décès. En effet, par ordonnance judiciaire rendue par le juge d’instruction, Gaston Chrisostome Kana, le 11 octobre 2022, une autopsie va être ordonnée, le motif évoqué, en toile de fond, est la mort suspecte de cet universitaire. Le premier constat fait par les membres de la famille biologique est que depuis la mort de ce cadre du Minesup, la veuve a rompu tout contact avec sa belle-famille. Les frères et sœurs du défunt présentent la thèse de la “mort suspecte, dont la cause mérite d’être élucidée”. Avant l’entame du dernier voyage funéraire de l’ancien chef de département de Informatique de l’Université de Yaoundé 1, la dépouille a été conservée à la morgue de l’hôpital général de Yaoundé. Tadianie Mogue Bodda, experte en médecine légale, a été agréée à la cour d’appel du Centre pour faire cette autopsie dans un délai de huit jours au cabinet d’instruction C2 du Tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi. Il a été, dans la même veine, demandé à cette dernière de produire le résultat de ses diligences en six exemplaires.

Cependant, dès ce jeudi, 13 octobre 2022, journée consacrée à la mise en bière à la morgue de l’hôpital général de Yaoundé, il y a eu une altercation entre la veuve et ses beaux-frères. En fait, Marcelle Marthe Emvudu née Atangana Eyono a exigé que son mari soit enterré à Nkoaba, un village situé dans l’arrondissement de Ngomedzap, département du Nyong et So’o, région du Centre. Toute chose à laquelle se sont opposés les frères du défunt, qui ont exigé plutôt que l’inhumation ait lieu à Nkolbisson dans l’arrondissement de Yaoundé VIIème, département du Mfoundi, région du Centre. C’est à cause de cet état de choses qu’il est survenu une vive tension entre les deux camps diamétralement opposés au point où le corps est resté scellé le jour de la mise en bière. De plus, les résultats de l’autopsie de la mort de Emvudu Wono n’étant pas produits, la belle-famille a exigé que ce soit fait avant la phase de la mise en bière assortie de la levée de corps. La dépouille mortuaire est donc restée scellée durant toute la journée jusque tard dans la nuit. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale (Mintss), Grégoire Owona, chef de famille, a tenté, en vain, d’entrer en contact et d’échanger avec la veuve. Cette dernière a, de manière catégorique, refusé toute forme d’intermédiation de qui que ce soit au moment où il y avait de l’électricité dans l’air. La dépouille étant restée scellée devant un parterre de quatre membres du gouvernement, des personnalités publiques, des membres des deux familles , camarades, amis et connaissances, les hommages académiques, qui ont été, initialement, programmés à 13h ce jour-là à l’Amphi 700 de l’Université de Yaoundé 1, ont été reportés dans la matinée du vendredi, 14 octobre 2022 dans le même amphithéâtre.
Dans la nuit du jeudi, 13 au vendredi, 14 octobre 2022, aux environs de minuit, l’épouse du défunt, M.M. Atangana Eyono, alors que les résultats de l’autopsie sont encore attendus et que le corps est toujours sous scellés, va procéder à la mise en bière de la dépouille de son mari. C’est sur ces entrefaites que sont entrés en scène quatre membres du gouvernement. Histoire de se positionner en médiateurs dans l’optique de dénouer le contentieux opposant la veuve à la belle-famille. Selon des sources concordantes, Gregoire Owona, Joseph Beti Assomo, Louis Paul Motaze et Jacques Fame Ndongo ont, sous cape, manigancé et influencé le juge et le Directeur général de l’hôpital général de Yaoundé afin que soit descellée la dépouille de Emvudu Wono. C’est vers minuit que ce corps sans vie a été descellée et transféré au domicile familial. La dépouille a donc été descellée sans que le représentant de la famille biologique, le médecin légiste dûment sollicité au départ, ne soit présent. Il n’en a pas été informé.Pour les frères du défunt, un flou demeure autour des résultats de l’autopsie, qui ne sont toujours pas connus jusqu’à ce samedi, 15 octobre 2022, jour de l’inhumation de Y.S. Emvudu Wono.
La grande veillée mortuaire, qui vient d’avoir lieu à Nkoaba, a été marquée par l’absence des membres de la belle-famille. Ceux-ci n’ont guère accrédité l’idée que leur frère soit inhumé dans ce village-là surtout que la veuve, selon des sources familiales, n’a mené aucune réunion, encore moins aucune concertation avec ses beaux-frères et belles-sœurs.
En rappel, Y.S. Emvudu Wono est né le 10 mars 1956 à Yaoundé. Il a été, en début juillet 2022, promu Inspecteur des services no1 au Minesup. Ce cadre du Minesup n’aura passé que deux mois à la tête de cette fonction décisionnelle. Par le passé, Emvudu Wono a été chef de département Informatique à l’Université de Yaoundé 1 de 2018 à 2020. L’enseignant d’Informatique est passé Maître des conférences des universités en 2018. Au plan politique, cet universitaire était un membre actif du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).
Signalons les quatre membres du gouvernement cités supra sont proches, chacun en ce qui le concerne, des deux familles. Joseph Beti Assomo, le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense (Mindef), est l’oncle de Marthe Marcelle Atangana Eyono épouse Emvudu. La génitrice de la veuve est la sœur aînée du Mindef. Grégoire Owona, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale (Mintss), quant à lui, est le chef de famille de dame Emvudu. Louis Paul Motaze, le ministre des Finances (Minfi), est aussi concerné tant le défunt est le beau-frère de la veuve du Secrétaire particulier (Sp) du Minfi. Jacques Fame Ndongo, le ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup), Chancelier des ordres académiques, est le patron du défunt.
