Par Armand Soussia
En vertu de l’article 37 (nouveau), il est strictement interdit à tout fonctionnaire d’avoir des intérêts dans des entreprises ou secteurs soumis à son contrôle direct ou en relation avec lui, de manière à compromettre ou restreindre son indépendance. De plus, les fonctionnaires ne peuvent exercer à titre personnel une activité privée lucrative, sauf dérogation spéciale. Cette interdiction ne s’applique toutefois pas à la production rurale, à la création d’œuvres scientifiques, littéraires ou artistiques, ni aux enseignements donnés à titre complémentaire ou de vacataire.
Cependant, la réalité sur le terrain semble diverger fortement de cette réglementation. De nombreux fonctionnaires continuent de s’impliquer activement dans des entreprises privées et de remporter des marchés publics, utilisant souvent leur position sociale et leur influence pour obtenir ces contrats.
Un exemple flagrant de cette situation est l’entreprise Galavas qui a raflé 80% des gros marchés à la commune d’Ayos. Cette entreprise appartiendrait à un certain Assomo Timothée, qui est également fonctionnaire. Son nom est déjà apparu dans le cadre du scandale du Covidgate, où des fonds publics destinés à la lutte contre la pandémie de Covid-19 auraient été détournés.
Cette situation soulève de nombreuses questions sur la conformité aux règles établies et sur l’intégrité du système de gestion des marchés publics. Comment une entreprise, appartenant à un fonctionnaire, peut-elle obtenir une si grande part des contrats publics sans enfreindre les règles en vigueur? Cela met en lumière des pratiques qui vont à l’encontre des dispositions du décret et qui nuisent à la transparence et à l’équité des processus d’attribution des marchés publics.
Selon des experts , l’implication des fonctionnaires dans des activités lucratives privées, notamment à travers des prises de participation dans le capital de sociétés ou en remportant des marchés publics, pose plusieurs problèmes:
De Conflit d’Intérêts où des fonctionnaires peuvent utiliser leur position pour influencer les décisions en faveur de leurs entreprises, compromettant ainsi leur indépendance et leur impartialité.
Détournement de Fonds Publics, les fonctionnaires impliqués dans des entreprises privées peuvent être tentés de détourner des fonds publics pour financer leurs activités privées, comme cela semble être le cas dans le scandale du Covidgate.
De manque de transparence, car l’attribution des marchés publics à des entreprises appartenant à des fonctionnaires crée un manque de transparence et de concurrence, favorisant un environnement propice à la corruption.
Et enfin , la perte de confiance publique : Ces pratiques érodent la confiance du public dans les institutions et les processus gouvernementaux, alimentant un sentiment de méfiance et de cynisme à l’égard des fonctionnaires et des responsables publics.
Il faut donc en effet que les autorités camerounaises prennent des mesures pour renforcer l’application des règlements en vigueur et assurer une stricte séparation entre les fonctions publiques et les activités privées lucratives des fonctionnaires. La transparence et l’intégrité dans la gestion des marchés publics doivent être des priorités pour restaurer la confiance du public et garantir une concurrence équitable.
Le cas de l’entreprise Ets Galavas , n’est qu’un exemple parmi d’autres qui nécessite une enquête approfondie et des sanctions appropriées si des infractions sont constatées. Pour un véritable développement durable et une gouvernance saine, le Cameroun doit s’assurer que les lois sont respectées et que les fonctionnaires servent les intérêts du public avant les leurs.