Par Joël Onana
C’est dans l’air depuis quelques mois maintenant. Nicolas Sarkozy conduira une mission économique au pays berceau de nos ancêtres (Cameroun). C’était du moins, l’essentiel à retenir d’une audience que Paul Biya, le chef de l’Etat camerounais avait accordé le 30 juillet 2024 à l’ancien locataire de l’Elysée, en marge de sa participation aux Jeux Olympiques de Paris. La fameuse rencontre entre l’homme du 6 novembre 1982 et celui qui n’a que fait cinq ans à la tête de la France, a permis apprend-on la planification d’une future mission économique française au Cameroun.
Dans les faits, Nicolas Sarkozy, devrait diriger une délégation d’hommes d’affaires français lors de cette mission dont la date reste pour l’heure un mystère. Cette initiative, apprend-on, s’inscrit dans le cadre des activités du cabinet d’avocats de l’ex-président français, Claude & Sarkozy, qui se spécialise dans la mise en relation des investisseurs avec les États à travers le monde. L’objectif ici étant d’explorer les opportunités d’investissements au Cameroun et de renforcer les relations économiques entre les deux pays. Pour le Cabinet Intermede, l’ancien président français n’est pas la bienvenue au Cameroun.
L’Ambassade du Cameroun à Paris
C’est pour manifester son courroux que Christian Ngnize, le promoteur dudit cabinet a organisé une conférence de presse ce lundi 30 septembre 2024 à Douala, la capitale économique du Cameroun pour s’opposer à la délivrance des visas d’entrées au Cameroun à Nicolas Sarkozy et sa délégation. Une opposition qui n’est pas un fait du hasard. Christian Ngnize, note que l’ambassade de France au Cameroun avait refusé les visas d’entrées aux responsables de son cabinet de lobbying et de relations publiques Intermede, malgré l’intervention écrite de l’Ambassade du Cameroun à Paris les 15-16-17 et 18 mai 2018.
A l’époque des faits, le lobbyiste et son équipe voulaient participer au séminaire atelier organisé en faveur de la diaspora camerounaise, dans les locaux de l’ambassade de France du Cameroun à Paris, notamment, en prélude aux élections présidentielles cette année-là. La rencontre de Paris portait sur les procédures de passation des marchés publics, de la création d’entreprise au Cameroun, avec pour objectif général de combler le déficit de celle-ci sur les différentes procédures en vigueur au Cameroun, de les intégrer, de les rassurer, de requérir leurs expertises et leurs savoir-faire dans le cadre d’une approche participative.
Les ennemis de la République
« Au nom de la souveraineté nationale qui appartient au peuple Camerounais qui l’exerce par l’intermédiaire de Paul Biya, le président de la République et les membres du parlement, nous prions l’Ambassade de France à Paris de ne point délivrer de visas à l’ancien président français Nicolas Sarkozy et sa suite »,explique Christian Ngnize. Ce dernier est convaincu que la tenue de la rencontre de Paris de 2018 entre les enfants du tricolore national, « aurait évité le saccage et le pillage le 26 janvier 2019 par les ennemis de la République ». Lors de cet échange avec la presse ce lundi 30 septembre 2024, à Douala, Aloys Onana, spécialiste des questions économiques et directeur de publication de l’Economie du Cameroun est revenu sur l’importance d’un séminaire comme celui-là pour la diaspora camerounaise. Aussi, Eric Pépin Bikai, géostratège a surfé sur l’intérêt de la prise en compte de la réciprocité dans les investissements.
Notons que ce point de presse du Cabinet Intermede intervient quelques jours après la sortie du livre de l’avocat Français Robert Bourgi, « Ils savent que je sais tout – Ma vie en Françafrique » (éditions Max Milo), co-écrit avec Frédéric Lejeal, où ce dernier dévoile les dessous de ses missions lorsqu’il était le conseiller officieux de l’Élysée pour l’Afrique. Dans ce livre mémoire, il explique comment Nicolas Sarkozy a manœuvré lors de la présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire, pour saboter la victoire de Laurent Gbagbo.