Par Joël Onana
Les choses se sont passées dans le secret le plus absolu : depuis environ trois mois, Aboubakar Salao trône à la tête de Nana Bouba Group (NBG), la holding agroalimentaire créée par Nana Bouba. Selon nos informations, l’ancien haut cadre de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) a été appelé en sapeur-pompier il y a environ trois mois pour tenter de sauver la demi-douzaine de sociétés du conglomérat créé par le milliardaire Nana Bouba, actuellement en mauvaise santé. Sa nomination découle, en effet, d’une décision du fondateur de mettre fin à la gestion familiale des filiales, marquée ces derniers temps par des dysfonctionnements qui compromettent la survie du groupe.
La première grande décision prise par le Centrafricain recommandé à Nana Bouba par des proches, a été de mettre à l’écart tous les fils de ces derniers qui occupaient des fonctions centrales dans différentes filiales, responsables, selon leur père, de la crise dans laquelle est plongée le groupe qui affichait encore une robustesse certaine il n’y a pas longtemps. Le groupe se porte d’autant plus mal que la société Azur S.A, fleuron des entreprises Nana Bouba qui fabrique les huiles végétales raffinées et les savons du même nom, connaît des problèmes de production marqués sur le terrain par la rareté de sa marque de savons, en particulier.
Dans la stratégie de redressement qu’il met en œuvre, il s’apprête à lancer un appel à candidatures pour le recrutement des gestionnaires de toutes les filiales. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que le richissime homme d’affaires Nana Bouba tente de sortir ses entreprises du joug familial. Il y a 6 ou 7 ans, il avait fait appel à l’ancien ministre des Postes et Télécommunications Sanda Oumarou pour diriger le groupe. L’essai n’a pas été concluant du fait, notamment, de l’hostilité des fils Nana Bouba. C’est sans doute pour anticiper toute guerre dirigée contre lui de la part de ces derniers qu’Aboubakar Salao a choisi de le mettre sur la touche, avec le soutien du PDG.
Outre les savonneries et huileries Azur et Ibi qui exportent leurs produits vers l’ensemble des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), NBG qui est un groupe commercial et industriel parmi les plus importants au Cameroun, est présent dans la fabrication des concentrés de tomate, à travers la société Sagri, les boissons gazeuses et l’eau minérale par le billet de Nabco, l’élevage bovin à travers Cambeef, le BTP à travers l’entreprise Berni, l’immobilier à travers la Société civile immobilière Krina (SCI-Krina), la distribution à travers la Société alimentaire du Cameroun (Soacam).
Aboubakar Salao qui entame une reconversion dans l’industrie et le commerce en prenant la tête de ce groupe – un défi immense – est un ancien haut fonctionnaire de la Cemac. Il a occupé, entre autres hautes fonctions, celle de Directeur général de la Beac. C’est lui qui aura dirigé le projet de fusion des marchés financiers de la Cemac, qui a abouti en juillet 2019.