Par Léopold DASSI NDJIDJOU
« Au cours du débat d’aujourd’hui, nous avons pu convenir de : l’urgente nécessité de la mise en œuvre effective des lois sur l’égalité de genre dans la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) », a lancé Fouefack Ebenezer, le directeur général de Nkafu policy institute à la fin des débats.
Par la suite, il a déroulé une kyrielle de résolutions qui ont émaillées les échanges avec l’assistance, notamment qu’en dépit des difficultés ambiantes, les femmes doivent faire des efforts pour se démarquer ; la nécessité de mettre sur pied des politiques publiques allant dans le sens de rompre les déséquilibres entre les genres ; il faut des réformes politiques profondes pour déconstruire l’héritage colonial de l’exclusion de la femme dans les chaînes de décision ; il faut démystifier le sexe de la femme pour réduire les inégalités à partir de la cellule familiale ; lutter contre les masculinités nocives en éduquant les jeunes gens dès la base, entre autres. Il y est allé en précisant que de nombreux aspects de la vie socio-économique et politique entravent encore l’autonomisation des femmes.
« Nous devons, plus particulièrement lutter contre la discrimination institutionnalisée dans le système juridique et les lois coutumières et patriarcales des pays de la Ceeac. En nous inspirant du cas du Cameroun, le Nkafu policy institute est engagé à travailler avec toutes les parties prenantes de l’écosystème pour atteindre cet objectif », a-t-il souligné pour mettre un terme aux échanges nourris entre les exposants et l’assistance.
Les inégalités liées au genre comme a pu le constater sont une réalité et suscitent des interrogations quant à l’heure de l’éveil citoyen de tous sur le sujet.
« Le problème de l’inégalité des genres en Afrique centrale, c’est très certainement le patriarcat qui est certainement encore très ancré dans notre culture ; nous avons des pesanteurs sociales et culturelles qui pèsent autant sur les femmes que les hommes. La disparité entre les sexes ne favorise pas le développement. Le gros problème des inégalités liées au genre est la culture comme nous avons dit. La religion n’est pas en reste car elle demande à la femme d’être soumise à l’homme et de ce fait, son mental est déjà très bas », s’est confiée Laurelle Tchoumi, une des panelistes féminins du jour face à la presse.
Au cours de son exposé, elle avait déjà évoqué le concept de « patriarcat sclérosé », le poids de la religion, entre autres. Quant à Mylène Noubi Tchachoua, l’autre conférencière du jour, en tant que juriste, elle a indiqué qu’il faut encadrer la promotion de la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes par un cadre juridique fort et efficace, avec des politiques qui seront ciblées et sensibles au genre, de telle sorte que des lois qui pourront en découler seront à même d’impulser le changement des mentalités auprès des populations. Au niveau des difficultés qui créent la rupture d’égalité, elle a relevé deux problèmes : Une société très conservatrice et très patriarcale, qui a relégué la femme au second rang, dans les activités domestiques. Les politiques publiques ne sont pas conçues de manière à avoir un réel impact, une réelle coercition en vue d’impulser le changement de mentalité. Il appartient donc, selon elle, aux politiques publiques d’entrer en scène pour changer la donne. En guise de rappel, au Cameroun il n’existe pas de général d’armée femme, ni de gouverneur ou encore à la tête d’une institution politique, telles que la Présidence de la République, le Sénat, l’Assemblée nationale, le Conseil constitutionnel, le Conseil économique et social entre autres. Au sein du gouvernement, les femmes n’occupent aucun poste ministériel de souveraineté ; au Sénat, on 33 femmes et 67 hommes ; à l’Assemblé e nationale, on compte 31% de députés femmes ; 39 maires sur 360 sont des femmes ; aucune femme n’est présidente du Conseil régional. Ce pan ouvert sur la vie politique en dit long sur le long chemin du combat des femmes pour atteindre l’égalité. Un déséquilibre incompréhensible au moment où les femmes et les filles sont plus nombreuses que les hommes.