Par Mon’Esse
Le Cameroun ne pourra certainement pas atteinte les objectifs de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (Snd30) déclinée par le gouvernement, selon un constat du Groupement des entreprises du pays (Gecam).
A l’occasion de la rentrée économique du patronat, effectuée mercredi dans la métropole économique, Douala, il a été établi que le déficit de la balance commerciale s’est aggravé, franchissant la barre des 2000 milliards de francs en 2022, soit 25% du budget.
Se fondant sur les données de l’Institut national de la statistique (Ins), le Gecam constate que le nombre de personnes en situation de sous-emploi et de pauvreté, dans le pays, a considérablement augmenté, celles vivant en dessous du seuil de pauvreté ayant progressé de plus de 2 millions entre 2014 et 2021, pour atteindre quelque 10,5 millions en 2021.
Les performances économiques du Cameroun sont en deçà des objectifs que le gouvernement s’est fixé dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) et la Snd30, qui nourrissaient un objectif de croissance économique de 5,5% en moyenne sur la période 2010-2020, et de 6,6% sur la période 2021-2025.
Dans la réalité, mentionne le Gecam, le pays n’a réalisé qu’une croissance économique moyenne de 4% sur la période 2010-2020, et de 3,8% sur la période 2021-2023, respectivement, correspondant à des écarts respectifs de 1,5% et 2,8% par rapport aux objectifs fixés pour les deux périodes.
S’agissant du système fiscal, considéré comme «confiscatoire», il demeure, pour les entreprises du secteur formel, injuste et oppressif du fait du taux d’imposition effectif payé.
«En effet, affirme Célestin Tawamba, notre système fiscal conduit à payer des taux effectifs de 60 à 80%, il fait payer l’impôt aux entreprises naissantes, et même à celles qui font des pertes. A cela, j’ajoute des contrôles fiscaux et douaniers fréquents, donnant lieu à des redressements portant sur des montants astronomiques, représentant parfois plusieurs fois le bénéfice et même le chiffre d’affaires.»
Le système fiscal local comporte néanmoins quelques avancées, note le président du Gecam citant, pêle-mêle, la digitalisation des procédures, la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés (IS) pour les Pme et du taux d’acompte de l’IS sur certaines activités, la clarification des procédures de contrôles douaniers a posteriori, la mise en œuvre de mesures incitatives dans le cadre de la politique d’import-substitution, mais également la mise en place d’un comité qualité.
Evoquant l’épineuse question de l’immigration, M. Tawamba a révélé que près de 6000 Camerounais ont immigré au Canada entre janvier et avril 2024, une migration massive de travailleurs qualifiés qui préoccupe le patronat.
«Cette tendance, exacerbée par les nombreuses crises que notre pays subit depuis plusieurs années, a des répercussions significatives sur l’économie nationale et notre marché du travail. En effet, le départ de nombreux travailleurs qualifiés employés au sein des entreprises, qui ont en général financé leur formation continue, entraîne une perte de compétences précieuses, et met en péril la compétitivité de nos entreprises.»
On rappelle que, selon l’institut statistique du Québec, entre 2019 et 2023, 14.135 Camerounais ont immigré au Canada, représentant environ 6% de l’ensemble des immigrés de ce pays. De même, à en croire l’American Community Survey, en 4 ans, 60.100 camerounais ont immigré aux États-Unis.