Par Julie Peh
Ceux-ci viennent de déposer une requête au Cabinet du Président du Tribunal Militaire de Yaoundé. Dans ladite requête, ces avocats exposent au président du tribunal militaire de Yaoundé que le fait de laisser Amougou Belinga et Eko Eko dans une même cellule aménagée uniquement pour eux à la prison principale de Kondengui constitue un véritable scandale qui entrave la procédure en cours contre eux.
Lire ici l’intégralité de leur requête :
Monsieur le Président,
Je me permets de prendre votre attache en qualité d’avocat, aux côtés de mes confrères Job et Zeifman, des ayants droits de feu « Martinez Zogo. J’apprends a l’instant, par voie de presse, que les inculpés Eko Eko et Amougou Belinga lesquels, faut-il le rappeler, figurent parmi les principaux accusés dans cette affaire, partagent la même cellule à la prison principale de Kondengui. Cette situation, si elle devait être avérée, constitue un véritable scandale et la preuve consternante d’un dysfonctionnement administratif qui préjudicie autant à la manifestation de la vérité qu’aux droits de la famille que nous représentons. Il convient, évidemment, d’y mettre un terme toutes affaires cessantes.
De fait, en considérant sincèrement l’importance des preuves testimoniales dans cette affaire : quelle valeur accorder, dès à présent mais surtout dans la perspective d’un procès futur, aux déclarations des uns et des autres si celles-ci ont été minutieusement et préalablement préparées entre inculpés, le plus tranquillement possible, dans le confort indécent d’une cellule aménagée spécialement par égard à ses locataires ? Ce sont, entre autres, les principes l’égalité des armes et d’équité de la procédure pénale qui sont ici mis à mal. Par ailleurs, qu’il me soit permis de relever qu’au regard de la loi du Cameroun comme au prisme de ses engagements internationaux, la préservation de l’impartialité de l’institution judiciaire, prise en l’ensemble de ses composantes, à la fois subjective et objective, constitue une charge qui échoit à tous les responsables et décideurs de cette administration.
C’est, précisément, en vertu de cette charge que je sollicite votre haute et pressante intervention pour que la promiscuité, mais aussi les choquants privilèges, impudiquement exhibés, qu’on a accordés aux inculpés Eko Eko et Amougou Belinga, cessent sans délai. Plus est, ainsi mise à nue, la rupture d’égalité qui affecte le traitement fait aux inculpés, envoie à l’opinion publique, mais aussi aux acteurs de la procédure, le déplorable message que les sorts réservés par la Justice aux uns ou aux autres dépendent de considérations étrangères à la gravité objective des charges qui pèsent sur eux. Là encore, l’image, offerte au monde et à l’histoire, en est désastreuse.
J’ose croire que vous saurez, Monsieur le Président, y mettre un terme, au besoin par l’ouverture d’enquêtes administratives ou la mise en place de procédures officielles. Il va sans dire qu’en notre qualité d’auxiliaires de justice, nous nous tenons mobilisés et à votre disposition, dans le double cadre de la loi et de notre éthique professionnelle, pour impulser le mouvement qui permettra à cette instruction de reprendre un sens digne de la justice camerounaise.
Soyez assuré, Monsieur le Président, de l’expression de ma haute et déférente considération.
Votre bien dévoué,
Me Hakim Chergui, Avocat des Ayant-droits de Martinez