Accueil Opinion Cameroun > Liberté de la presse: La dépénalisation des délits de presse est un impératif sauf pour des infractions d’incitation à la haine tribale et la haine ethnique

Cameroun > Liberté de la presse: La dépénalisation des délits de presse est un impératif sauf pour des infractions d’incitation à la haine tribale et la haine ethnique

Le Cameroun a le devoir et l'obligation de respecter les traités et conventions qu'il a ratifiés en matière d'exercice de la profession de journaliste.

Par panorama papers
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Avec le Député JEAN MICHEL NINTCHEU

La dépénalisation des délits de presse est contenue dans le Pacte International relatifs aux Droits civils et politiques ainsi que dans la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Le Cameroun doit cesser d’être un État voyou qui continue à violer les conventions et traités qu’il a ratifiés.

La dépénalisation des délits de presse aurait déjà dû être une réalité dans notre pays s’il y avait une réelle volonté politique au sommet de l’État. Si les gouvernants avaient travaillé en concertation permanente avec les organes d’auto-régulation, la procédure de dépénalisation aurait déjà abouti. Ces organes d’auto-régulation des médias auraient déjà procédé à un travail de salubrité médiatique qui doit être promue en amont par les professionnels eux-mêmes afin d’élaguer ceux qui ternissent l’image de la presse camerounaise.

Pour revenir à la dépénalisation des délits de presse, il faut bien évidemment trouver des pistes et des solutions durables à leurs contraintes socio-professionnelles. Les modalités d’encadrement doivent faire l’objet d’une concertation entre les institutions de la République et les organisations professionnelles.

En attendant la dépénalisation effective, il est possible de d’envisager dans l’immédiat un moratoire sur les infractions commises par les journalistes dans la perspective de la dépénalisation. Évidemment qu’il faudrait sans doute s’interroger sur le sens des responsabilités et du professionnalisme de certains médias. Les incitations à la haine tribale, la haine ethnique, l’apologie de certaines valeurs négatives ne devraient pas être concernées par cette dépénalisation car il est hors de question de promouvoir des mauvaises pratiques qui constituent une entorse à l’exercice de la liberté de la presse. Il est question de protéger la vie privée et la liberté des autres.

Le sens des responsabilités et du professionnalisme de la presse doivent être de règle et la plupart des médias camerounais le font si bien à partir du moment où ils n’ont jamais confondu liberté et libertinage et ont toujours tenu compte des impératifs liés à la sécurité du pays. Cette dépénalisation doit être un impératif. Il faut dans l’urgence un nouveau cadre participatif en vue de fédérer les réflexions sur les différentes réformes et la mise en cohérence du cadre juridique qui va désormais régir l’exercice de la dépénalisation des délits de presse au Cameroun. Les conclusions ne doivent pas seulement rester au niveau des papiers comme cela s’est fait jusqu’ici. Il faudrait qu’après cette concertation (ministère de la communication – ministère de la justice- organes d’auto-régulation), que soient véritablement mis en exécution, à travers un projet de loi soumis au Parlement, tout ce qui a été décidé. En cas de vote, que cette loi soit promulguée et le décret d’application signé dans les brefs délais.

Un journaliste ne doit pas être traité ou traîné comme un voleur de chèvres. Il faut respecter les journalistes. Il faut protéger la presse. l’État ne peut pas plonger la presse dans une paupérisation généralisée et s’attendre à une prise de conscience automatique de l’ensemble de la corporation. Les journalistes qui résistent jusqu’ici aux dérives observées sont exceptionnels et à saluer dans le contexte actuel. Fort heureusement, ils sont nombreux dans le paysage médiatique.

Doter la presse des moyens pour le fonctionnement ne coûte absolument rien à l’État du Cameroun. Il faut dans un premier temps passer de l’aide publique à la communication privée à la subvention des médias qui doit être porté à hauteur d’au minimum de 0,1% du budget annuel du pays soit six (06) milliards de Fcfa pour le compte de l’exercice en cours. Si ce quota est acté et respecté, il y aura une chute drastique des délits de presse. Il est donc évident que nos gouvernants qui refusent de consacrer 0,1% du budget national à la subvention de l’État à la communication privée sont les premiers responsables des délits de presse – et par conséquent de la pénalisation qui s’en suit- puisqu’ils s’en servent pour étriller leurs adversaires ou concurrents.

Hon Jean Michel Nintcheu
Député

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