Par Mon’Esse
Des leaders d’opinion du Cameroun continuent d’exprimer leur émotion après l’arrestation, le 24 juillet dans la métropole économique, Douala et sa déportation vers la capitale politique, Yaoundé, du jeune Junior Ngombè par des forces de sécurité.
Surnommé «Junior G32», le garçon de 23 ans venait de diffuser une vidéo, sur les réseaux sociaux, dans laquelle il interpellait les autorités sur la gestion du pays ainsi que la récente arrestation, au Gabon, de Steeve Akam dit «Ramon Cotta», un autre compatriote activiste.
Ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, Akere Muna indique, sur son compte X que Junior Ngombe aurait été enlevé et emmené au Quartier général de la gendarmerie alors qu’il «a milité en faveur de l’inscription des électeurs et de la participation massive des citoyens aux prochaines élections».
Il n’a pas pris le risque de traverser des territoires dangereux comme le Sahara ou la Méditerranée, mais se retrouve maintenant dans une situation précaire dans son propre pays, argumente-t-il, estimant que cette «arrestation est de trop» et qu’il faut s’unir pour exiger la libération de Junior Ngombe.
Président du Social Democratic Front (SDF, opposition) Joshua Osih se dit dit «très préoccupé», sa formation prenant extrêmement au sérieux toute violation de la liberté d’expression.
Et de préciser que les militants de la formation sont «déterminés à enquêter, en détail, sur les circonstances entourant l’arrestation de M. Ngombé», tout en appelant le gouvernement à fournir «une explication transparente sur les raisons de sa détention».
Présidente du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), Maximilienne Ngo Mbe affirme, elle aussi, que ce jeune homme ne constitue aucune menace pour le Cameroun, et «doit être libéré immédiatement et sans condition».
L’artiste Kareyce Fotso, qui affirme avoir visionné la vidéo à problème à plusieurs reprises, cherchant l’insulte, le manque de respect envers les autorités locales, avoue n’avoir rien noté de tel.
«J’ai vu un enfant s’adressant poliment à ses parents, leur faisant part de son mal-être et, par extension, celui de milliers d’autres jeunes comme lui, demandant simplement une amélioration des conditions de vie.»
Si, pour elle, libérer la parole est une forme de thérapie, la chanteuse à succès soutient que
«Junior avait simplement besoin de s’exprimer pour ne pas mourir étouffé. Il s’est adressé à nos autorités comme le feraient leurs propres enfants lorsqu’ils se sentent mal».
Quant au leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc, opposition), Maurice Kamto, il en appelle solennellement au président de la République, Paul Biya, afin qu’il ordonne la libération immédiate de ce jeune compatriote qui,
«par ses actions citoyennes, responsables et pacifiques incarne la jeunesse consciente et porteuse d’espoir ; celle qui, loin de la distraction et des histoires d’alcôve, questionne son avenir et celui de notre nation».
Evoquant «une dérive rampante» qui n’annonce rien de bon, pour le Cameroun à la veille d’une élection présidentielle cruciale, il demande également «que soient interpelés et jugés les auteurs de ces actes dignes des pires États de non droit, qui utilisent l’appareil de l’État pour terroriser les populations pour des ambitions politiques qu’ils n’ont le courage d’assumer ni dans leur parti politique ni devant les Camerounais».
Jusqu’à lundi, en mi-journée, le gouvernement n’avait pas encore réagi à cette interpellation de l’activiste ni à la vague d’émotions ainsi suscitée.