Par Guy Ndinga
Il est déjà plus de 10 heures ce 27 Avril 2023 à Dibombari, département du Moungo, région du Littoral. La grande cour de la sous-préfecture grouille de monde. Près d’une centaine de personnes presque tous des hommes habillés en tenue traditionnelle (chemise et pagne style «Sandja ») ayant pour une bonne partie rallié ces lieux par cars entiers sont debout. Ils arrivent du groupement de Bomono-ba-Mbengue, dans l’arrondissement de Dibombari. Ils parlementent par petits groupes. Certains d’entre eux entrent dans le bâtiment administratif. Ils vont assister à la réunion convoquée par le sous-préfet Jean-Philippe Ngo’o Mebe. Le chef de terre va s’enfermer avec les représentants des habitants de Bomono ba Mbengue, le chef du village Bomono gare et celui du village Njouki et ceux du leader de la «collectivité Maka » Malobe Eyondi Stephen. Les premiers s’opposent à la reconnaissance de ce que l’on appelle encore « village Maka » et qu’ils disent créé ex nihilo, car ledit village n’a jamais existé. L’assise ne dure pas. Les gens de Bomono-Ba-Mbengue ne reconnaissent aucune légitimité à l’avocat envoyé par le sieur. Sur ces entrefaites, le sous-préfet va choisir de reprogrammer sa réunion.
« Nous étions convoqués par le sous-préfet pour une séance de travail pour ce qui est qualifié de “désignation et réhabilitation du village Maka”. Depuis plus de cinq ans que ce problème existe, il y a un individu qui a fabriqué des documents frauduleux et qui les a présentés à l’administration. Nous avons fait à son époque une requête que nous avons adressée au président de la République qui a commis une enquête menée par la Conac. Le rapport est disponible, mais nous sommes très surpris que le ministre de l’administration territoriale ordonne que le village Maka soit réhabilité alors que ce village n’ a jamais existé dans notre arrondissement de Dibombari et particulièrement dans le Canton Pongo. C’est pour cela que nous tenons à exprimer ici à toutes nos autorités d’ici qu’il n’est pas possible que cela se fasse. La paix est si chère à notre Président de la République. Nous ne savons pas pourquoi on tourne sur ce même problème depuis beaucoup d’années », réagit le chef du groupement Bomono-Ba-Mbengue 2, Simon Pierre Kotto Mbongo qui poursuit en indexant Malobe Eyondi Stephen : «ce monsieur a produit des documents frauduleux que l’administration appelle « documents coloniaux » où il prétend que Nguelemendouka dont tout le monde sait qu’il est un chef à l’Est, a été le premier chef Maka ici à Dibombari », fait savoir le chef Kotto Mbongo. Bomono-Ba-Mbengue 2 risque être divisé. Si cela se produit, une partie sera rattachée au canton Bakoko qui n’en est pas limitrophe. Ce qui irrite les populations. Elles soupçonnent des batailles pour le contrôle des terrains de la Socapalm qui avaient été expropriés au détriment du canton Mpongo.
«Nous savons qu’il y en a qui veulent défendre les intérêts de certaines personnes. Mais nous ne nous laisserons pas faire», avertit Simon Pierre Kotto Mbongo.
Au terme de l’enquête qu’une mission de la Commission Nationale Anti-Corruption (Conac) a menée à Bomono-Ba-Mbengue en 2020, il ressortait qu’ « il n’existe pas de village connu sous la dénomination de «village Maka du canton Bakoko du Moungo». Elle indiquait que « l’arrêté d’homologation dont le nommé M.E.S se prévaut pour s’attribuer la qualité de «chef du village Maka du canton Bakoko du Moungo » est un faux en écritures publiques et authentiques. Et aussi que «la déchéance de Monsieur M.E.S. de sa qualité de chef entraîne ipso facto la rétrocession de la part de 82 hectares 47 ares 95 centiares reçue des 207 hectares 30 ares en cause ».