Par Serge Aimé Bikoi
Le Secrétaire national en charge de l’économie du parti de Maurice Kamto note, de prime abord, qu’avec une dette toxique, des réalisations qui constituent, pour l’essentiel, des éléphants blancs, la réduction drastique des recettes douanières depuis la signature des Accords de partenariat économique(Ape), le gouvernement camerounais s’est lancé dans une recherche effrénée de ressources pécuniaires. Question d’assurer le service de cette dette galopante. En effet, “devant la difficulté, de plus en plus, grande de trouver des financements extérieurs, explique Galex Syrie Soh, le gouvernement a choisi d’asphyxier le peuple camerounais par un approfondissement et un élargissement de l’assiette fiscale, qui annihile le maigre pouvoir d’achat d’une population, dont les pauvres n’ont cessé de s’appauvrir”.
L’Economiste du Mrc relève, à titre illustratif, que les hausses des impôts prévues touchent des secteurs vitaux sur le plan social tel que celui de l’alimentation où il est envisagé le passage de 5% à 10% de prélèvement fiscal sur les droits d’importation, soit un doublement de taxes dans un pays où l’autosuffisance alimentaire n’est pas assurée, et où les populations subissent une inflation exubérante ayant vu le panier de la ménagère se vider progressivement.
L’expert en Sciences économiques et de Gestion ajoute qu’au niveau international, la crise globale de la vie chère suscite la mise en place des mesures d’atténuation de cette situation. Il “constate, cependant, qu’au moment où l’on voit des gouvernements décider, ailleurs, de l’augmentation générale des salaires pour tous les secteurs de la vie économique, au moment où l’on voit aussi le gel des prix et des exonérations fiscales pour lutter contre la vie chère, au Cameroun, a contrario, le gouvernement décide de prélever même sur le peu qui restait encore aux populations à travers cette Loi de finances, dont il n’y a pas de doute qu’elle sera votée par sa majorité obèse au parlement”.
Et lorsque l’on a entendu le ministre des Finances (Minfi) interpeller ses “amis” au parlement afin qu’ils viennent demander leur part, poursuit Syrie Soh, l’on comprend aisément que l’augmentation prévue, par exemple, du prix du timbre fiscal de 1000 à 1500 Fcfa ou de celui du certificat de propriété de 3000 à 25.000 Fcfa vise à financer la gabegie financière des dirigeants du pays et non pas pour s’attaquer, de manière sérieuse, à la crise des finances publiques, dont les conséquences frappent durement les entreprises locales et compromettent le progrès social et, par la suite, le bien-être des Camerounais”. En rappel, le projet de loi de finances 2023, déposé le 24 novembre 2022 à l’Assemblée nationale, a été adopté malgré tout. La chambre basse du parlement camerounais a adopté, aux premières heures du lundi, 5 décembre 2022 en plénière, le projet de loi de finances 2023. Au cours de la discussion générale et au cours de la présentation du Programme économique, financier, social et culturel du gouvernement, le Premier ministre, chief Joseph Dion Ngute, entre autres thématiques ont été abordées : l’augmentation de 35% du prix du timbre; les crédits de la Banque africaine de développement (Bad) mal exécutés; la collecte des recettes non-fiscales, etc. L’enveloppe en augmentation de près de 265 milliards de Fcfa par rapport à l’exercice en cours prévoit, en substance, de nombreuses mesures fiscales incitatives, en l’occurrence celles en faveur des producteurs locaux dans le cadre de la politique d’import substitution. Le budget 2023 se chiffre donc à 6345, 1 milliards Fcfa.
Le Mrc déplore donc l’option pour une politique de paupérisation accrue du peuple camerounais par le gouvernement censé le préserver des chocs économiques, qui préfère continuer de l’endormir, notamment par un divertissement sportif coûteux.