Par Mon’Esse
Il y a eu des éclats de voix, mardi en fin de matinée au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale du Cameroun, actuellement réunie en session ordinaire. La plénière du jour, centrée sur le débat d’orientation budgétaire, a dégénéré en pugilat verbal avant même d’avoir débuté.
Au cœur de la polémique le leader du Parti camerounais pour la réconciliation du Cameroun (Pcrn), Cabral Libii ainsi que le vice-président du Front social démocratique (Sdf), Joshua Osih, ont élevé une vive protestation face à ce qu’ils considéraient comme de l’infantilisation.
Le matin même en effet, les deux élus de l’opposition ont expliqué avoir reçu du gouvernement trois documents pour un total de 168 pages. Lesdits documents, qui portent sur la Loi de finances rectificative de l’Etat devaient, leur a-t-on précisé, ensuite entrer en débats une heure plus tard. Colère noire de ces députés, qui demandent un ajournement de la séance, voire la convocation d’une session extraordinaire sur la question pour non-respect des textes.
Le ton monte. Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, est pris à partie par ces représentants de l’opposition parlementaire. La séance va finalement s’enliser, amenant le président de la Chambre basse à la reprogrammer en milieu d’après-midi. Mais beaucoup doutent que l’Assemblée, malgré la pertinence des arguments brandis par les adversaires d’un régime ultra majoritaire, accepte de plier l’échine.
Dans ledit hémicycle, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) compte 152 élus contre 7 pour l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP, allié), 3 pour le Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc, allié) et 2 pour le Mouvement pour la défense de la République (Mdr, allié).
En face, le pouvoir a 5 députés issus du Sdf, autant pour le Pcrn, 4 pour l’Union démocratique du Cameroun (Udc opposition) et 2 pour l’Union des mouvements socialistes (Ums). Une écrasante minorité, donc, qui en mars s’est constituée en coalition pour mieux faire entendre sa voix. Autant dire rien, de nature à infléchir les débats en plénière où généralement un vote à main levée est sollicité lorsqu’on parvient à une situation de blocage.
Au final, le document d’orientation budgétaire présenté par le ministre des Finances a été adopté sans le moindre débat, malgré la tentative de blocage de l’opposition qui réclamait plus de temps pour l’examiner.