Par Rostand TCHAMI
Les populations rurales sont exposées à la variole du singe. Cette maladie dont la transmission se fait de l’animal à l’homme, et qui se caractérise par l’apparition des boutons sur le corps, a déjà fait de nombreux cas dans certaines régions du pays. C’est du moins ce qu’a révélé le Pr Richard Njouom, chef service vénérologie au Centre pasteur du Cameroun (Cpc). C’était à l’occasion de la célébration de la journée mondiale des zoonoses. Selon ce dernier, pour le compte de l’année 2022, 3 cas ont déjà été confirmés. Notamment 2 dans la zone d’Ayos (région de l’Est) et un dans la région du Sud-ouest. Seulement, a-t-il précisé, << ceux là sont des cas qui arrivent à aller à l’hôpital >> par conséquent, << comme c’est une maladie de forêt et qu’il y en a pas mal dans les zones rurales, je crois qu’il y a une investigation qui va être menée pour déterminer la situation exacte >>. Pour le moment, au Cameroun, 10 zoonoses ont été reconnues comme prioritaires avec des conséquences socio-économiques importantes par le Programme national de prévention et de lutte contre les zoonoses émergentes et réémergentes.
L’analyse situationnelle de la distribution de la variole du singe (qui en fait partie), fait état de 11 foyers humains et quatre foyers animaux enregistrés de 1979 à 2022. À l’échelle mondiale, on enregistre 2,2 millions de morts chaque année dû aux maladies zoonotiques. Aujourd’hui, la croissance démographique, le changement climatique et les déplacements internationaux modifient sans cesse la façon dont les humains, les animaux et leur environnement interagissent, entrainant l’émergence de nouveaux pathogènes et la survenue des flambées épidémiques. En effet, 3 des 5 nouvelles pathologies humaines qui apparaissent chaque année sont d’origine animale, globalement 60 % des maladies infectieuses humaines connues sont d’origine animale (domestique ou sauvage), de même que 75% de maladies humaines émergentes et 80% de pathogènes utilisables pour le bioterrorisme. Et d’après le Programme zoonose, la pandémie de la Covid-19 qui sévit dans le monde depuis 2020, et la survenue de près d’une centaine de cas de variole du singe dans 12 pays hors des foyers traditionnels, démontrent de façon explicite une fois de plus la disparition des barrières sanitaire et géographique entre les hommes et les animaux.
Biosécurité
C’est pour cette raison qu’à l’occasion de la célébration de journée des maladies zoonotiques, le Programme zoonose a décidé d’organiser une table ronde pour davantage sensibiliser les parties prenantes sur les risques liés à ces maladies avec un accent singulier sur la variole du singe. Ladite table ronde qui a rassemblé, outre les membres des ministères concernés par la lutte contre cette maladie, les universitaires, les laborantins et les partenaires au gouvernement, a ainsi permis aux participants d’échanger entre autres sur : la recherche sur les zoonoses au Cameroun ; la variole du singe chez les animaux ; la variole du singe chez l’homme ; la biosécurité dans la gestion de la variole du singe et enfin sur comment la vente des animaux sauvages pose un risque pour la transmission de la variole du singe.