Par Joël Onana
Au Cameroun, le ghanéen Samuel Esson Jonah, plus connu sous le nom de Sam Jonah, figure emblématique du secteur minier africain, va prendre les rênes de Geovic Cameroon (Geocam), filiale de la junior américaine Phoenix Mining. Il aura pour mission d’assurer la mise en exploitation du riche gisement de cobalt-nickel-manganèse de Nkamouna-Lomié d’une teneur estimée à 68,13 millions de tonnes de minerais, situé dans la région de l’Est. Selon une source proche du dossier, sa prise de fonctions est prévue pour la fin de mois en cours « après une ultime réunion statutaire de la Holding internationale qui se tiendra dans les prochains jours », précise-t-elle. Récemment nommé Président du conseil d’administration (Pca) de cette société en pleine restructuration, l’homme d’affaires ghanéen succède au canadien Serin Christopher qui occupait ce poste depuis 2014. Durant cette période, M. Christopher a notamment assuré la gestion de la société pendant sa phase de veille et a piloté son processus de restructuration.
Cette annonce survient quelques mois après que les actionnaires de Geovic Cameroon, détenue à 60,5% par Geovic Ltd (société étrangère apportant une expertise technique significative), 20% par la Société Nationale des Investissements (Sni) et 19,5% par des actionnaires camerounais locaux, aient procédé à la recapitalisation de la société portant son capital à 42,5 milliards de Fcfa (soit 70 millions de dollars). Cette opération financière a pour objectif de lancer les activités d’exploitation de la mine de Nkamouna. En mai dernier, lors de l’annonce de cette recapitalisation, il avait été souligné que la mise en exploitation de ce gisement nécessitait au préalable la restructuration de Geocam, notamment à travers l’assainissement de ses comptes et des audits internes. Cette restructuration est une étape indispensable pour assurer la viabilité à long terme du projet et maximiser ses retombées économiques pour le Cameroun, en termes de création d’emplois, de recettes fiscales et de développement des infrastructures.
Un atout de taille pour le Cameroun
Né en 1949 au Ghana, Sam Jonah (75 ans) a très tôt été marqué par le monde minier. Son père, travaillant dans le secteur de la construction à Obuasi, lui a transmis sa passion pour l’industrie. Après des études en ingénierie minière, il a débuté sa carrière chez Ashanti Goldfields Corporation, où il a gravi les échelons jusqu’à en devenir le PDG. Sous sa direction, Ashanti est devenue l’une des principales sociétés minières d’Afrique, cotée à la Bourse de New York. Fort de cette expérience, il a ensuite présidé AngloGold Ashanti et fondé Jonah Capital, un fonds d’investissement spécialisé dans les ressources naturelles.
Son expertise reconnue dans le développement de projets miniers à grande échelle, sa connaissance approfondie du continent africain et son réseau étendu font de lui un atout majeur pour Geovic Cameroon. En effet, la mise en exploitation du gisement de Nkamouna représente un défi complexe qui nécessite une gestion rigoureuse et une attention particulière aux enjeux environnementaux et sociaux. L’expérience de Sam Jonah en matière de développement durable, acquise notamment lors de ses précédentes missions, sera précieuse pour garantir un projet respectueux de l’environnement et bénéfique pour les communautés locales.
Initialement prévu pour démarrer en 2024, le projet d’exploitation du gisement de cobalt-nickel-manganèse de Nkamouna, confié à Geocam, a connu de nombreux retards en raison de difficultés financières et techniques. Selon des analystes du secteur minier, la récente baisse des cours des métaux sur les marchés internationaux pourrait contraindre les autorités camerounaises à repousser une nouvelle fois le lancement de ce projet. En effet, la rentabilité de l’exploitation de Nkamouna, qui renferme 68,13 millions de tonnes de minerais et dont la production annuelle est estimée à 13,5 tonnes de cobalt, 3,3 tonnes de nickel et 62 800 tonnes de manganèse, est directement liée à l’évolution des prix mondiaux. Bien que les autorités camerounaises restent optimistes quant aux perspectives à long terme de ce projet, la conjoncture économique actuelle pourrait nécessiter une réévaluation des calendriers.