Par Serge Aimé Bikoi
Celui qui avait déjà fait plus de 50 ans de musique dans sa carrière était un excellent guitariste. Ancien de l’armée marine qu’il avait intégrée en 1976, Penda Dalle avait 18 ans. L’adolescent de l’époque y avait passé 4 ans et lavait quitté ce domaine d’activité en 1980. Le jeune artiste avait commencé à faire des émules dans la garde républicaine. Pendant longtemps, P. Dalle avait été l’un des guitaristes de Émile Kangue qu’il avait rencontré à sa sortie de l’armée. Pour lui, c’était une contrainte d’apprendre à jouer à un instrument de musique pour être chanteur ou musicien. “Nos anciens étaient quasiment tous des instrumentistes. Ce qui nous a poussés à apprendre, dans un premier temps, à jouer à un instrument, puis à chanter pour devenir ce que je suis aujourd’hui. C’est un grand parcours que j’ai réalisé”, avait affirmé Penda Dalle en 2002 au cours d’une interview accordée aux confrères de camerooninfo.net.
A la question de savoir ce qui fait encore chanter P. Dalle alors qu’il avait déjà plus de 30 ans de carrière à l’époque, l’artiste répond : “Je fais du Makossa. Je ne contourne pas. Je l’ai trouvé et je reste là dedans. Être chanteur est une carrière. Je chanterai jusqu’à mon dernier souffle. La musique n’a pas de jubilé. J’y suis depuis plus de 30 ans et je continue”, avait clamé P. Dalle qui avait ajouté : “J’ai, chez moi à Douala, un studio. Ainsi je peux me lever à tout moment pour jouer ou enregistrer une inspiration”.
A l’heure actuelle où les jeunesses du Renouveau ont la propension à sublimer la musique étrangère et, singulièrement, les sonorités de l’Afrique de l’Ouest et du Congo démocratique, P. Dalle s’était aussi prononcé sur cette question donnée et avait affirmé: “Quand on parle de la musique africaine aujourd’hui, on évoque plus celle de l’Afrique de l’Ouest ou alors celle du Congo démocratique. Regardez bien l’ensemble des groupes d’artistes du Congo démocratique, ce sont les musiciens camerounais qui font cette musique-là. Les chanteurs de ces groupes ne font pas d’efforts quant à la qualité de leur musique. C’est pour cela que quelque part, je suis fier des musiciens camerounais”.
P. Dalle était basé en France depuis l’an 2000 pour des raisons professionnelles. En effet, il y avait un conservatoire où il travaille en permanence et se perfectionne dans la guitare. L’icône du Makossa a fait, il y a plusieurs années, un “Best of”, qui réunit les chansons de biens d’artistes : Françoise et Milla, Joe Mboule, Ben Decca, etc. Plusieurs de ses albums n’ont pas subi l’usure du temps tant ils continuent à faire trémousser bien de mélomanes dans les îlots de plaisir et de loisir. Sans prétention à l’exhaustivité, l’on retient des titres ayant tenu bien de catégories sociales en haleine :
“Na dia na ben nyonga mama’am(J’ai encore envie de ma mère). C’est un titre qui a marqué tout le monde à l’époque au moment où Penda Dalle était encore jeune artiste. “Ô Sala”(Ne t’en va pas !) est un titre extrait de l’album Tchaku mbele. “Na Mala”(Je m’en vais) dans l’album Bonadibong. “Wâ nde mba mbousa ka njom ma lambo” dans Na bélè na wodi.
Aux artistes locaux qui accordent une onction aux apparitions médiatiques régulières, P. Dalle avait dit : “J’estime que quand on aime son métier, on ne se fait pas voir à tout moment. Il faut rester dans l’ombre, réapparaître lorsque cela s’impose. L’artiste, qui voudrait bien faire son boulot, n’apparaît pas aux médias inutilement. Je ne me vulgarise pas parce que je m’appelle Penda Dalle”.
