Par Rostand TCHAMI
Ils sont réunis à Yaoundé depuis hier. Ils prennent part à un atelier de renforcement des capacités sur le thème : responsabilité des entreprises et des droits de l’homme en Afrique : renforcement de l’accès aux recours et principes et mécanismes de consentement préalable et éclairé. Il s’agit des membres du groupe de défenseurs des droits de l’homme, Acca. Les membres de cette plateforme continentale au niveau africain qui regroupe plus d’une trentaine de pays, posent la réflexion autour de la question du respect du consentement libre, de l’accord préalable que les gouvernements et les entreprises doivent obtenir des communautés pour s’assurer que l’exploitation se déroule de façon responsable. Mais force est de constater que sur le terrain, les entreprises agissent toujours de façon quasi irresponsable dans les pays africains avec notamment les droits de l’homme qui sont constamment bafoués.
C’est le cas des communautés qui vivent dans les zones où se trouvent les sociétés extractives où, “les droits violés sont essentiellement les droits économiques et sociaux c’est-à-dire les droits qui concourent au bien-être de la personne humaine”, comme l’a souligné Loufoua-Bessi Frédéric Congo, membre de l’Acca du Congo Brazzaville. Car selon lui, les communautés qui vivent autour des installations industrielles ont le droit à la santé, à l’eau et à l’alimentation par exemple. Seulement, “dans nos pays, nous constatons malheureusement que dans ces zones d’extraction, il y a une pauvreté ambiante alors que la richesse est extraite du sous-sol. On constate des absences de dispensaire, d’école et il y a des cas où il n’y a même pas d’électricité“, déplore-t-il.
Code du travail
Même les entreprises d’autres secteurs d’activité en sont concernés. “Au Cameroun, la question des entreprises et des droits de l’homme est d’autant plus préoccupante qu’on a parfois des grands groupes internationaux très puissants qui au niveau local opèrent, à travers leurs sous-traitants qui généralement n’ont pas de plan de promotion et de protection des droits de l’homme. Parfois ils ont un personnel sans contrat de travail ou qui n’est pas affilié à la Cnps et par conséquent, violent le code du travail camerounais”, a indiqué Joseph Désiré Zebaze, coordonnateur national du Recodh et membre de l’Acca. Une situation qui selon lui ne devrait pas être pareille si les pays africains et le Cameroun en particulier, s’inscrivaient à l’école de la France en la matière.
“En France par exemple on a une loi du 27 mars 2017 sur le devoir de vigilance des entreprises qui demande aux entreprises multinationales qui opèrent en France, de développer des plans de vigilance afin de s’assurer que leurs sous-traitants font des achats responsables, respectent les droits de l’homme et de leurs personnels. Donc nous pensons que l’application de cette loi au niveau du Cameroun par exemple et de la sous-région Afrique centrale peut être un bon début parce que nous avons localement des très grands groupes français comme le groupe Bolloré, le groupe Orange Cameroun, Sabc et autres, qui normalement devraient appliquer cette loi sur le devoir de vigilance”, a-t-il souhaité.
L’atelier qui a débuté hier et qui s’achève aujourd’hui va donc permettre aux participants de mieux s’outiller afin de mener des plaidoyers à qui de droit pour que des politiques soient mises en œuvre et des recours pour pouvoir permettre aux communautés qui sont lésées du point de vue du respect de leurs droits, de pouvoir obtenir réparation ou de pouvoir intenter des actions pour remédier à leurs difficultés.