Par Léopold Dassi Ndjidjou
Les experts de la filière café sont unanimes sur le fait que cette culture est menacée par le dérèglement climatique. Selon leurs projections, si la température augmente de plus de 3 degrés par exemple, “ce sera très grave”. Et pour étayer cette sinistre annonce, ils avancent que les zones disponibles pour la culture de l’arabica, pourraient être réduites de 50% d’ici 2050 alors que la demande mondiale va doubler.
C’est sans aucun doute pour parer à une telle catastrophe ou apparentée que Tomaïno Ndam Njoya a convié les formateurs des diverses contrées du Noun à un atelier de trois jours qui s’est ouvert ce mardi 31 octobre 2023 à Foumban. Le Dr Komla Elikplim Abotsi, expert en changement climatique et développement durable, venu du Togo, mène les opérations. Cette formation fait suite à sa précédente visite dans le Noun en avril dernier avec les descentes à Foumbot et Malentouen.
En discutant au plus près avec les caféculteurs, il avait pu toucher du doigt les différents défis qui sont les leurs. “Aujourd’hui nous sommes en train d’appuyer le département du Noun, spécialement les cultivateurs de la filière café pour qu’ils puissent s’adapter aux effets du changement climatique”, a confié le formateur. “C’est quoi les effets du changement climatique dans le Noun”, s’est interrogé par la suite ce dernier avant d’indiquer qu’il s’agit surtout d’un dérèglement des saisons, le paysan n’arrivant plus à maîtriser quand est-ce qu’une saison commence et quand est-ce qu’elle finit. Et aussi, on ne sait pas s’il y aura des ruptures en plein milieu d’une saison. L’équilibre au niveau du dynamisme entre les pluies et les saisons sèches permet une bonne floraison du café. Notre formation actuelle, a-t-il poursuivi, vise à déconstruire les faux préjugés, à affiner les connaissances sur les changements climatiques.
En ce qui concerne les relations de cause à effet qui est à la base du changement climatique, ils permettent de voir sur quoi tout le monde peut capitaliser, parce que le changement climatique n’est pas l’affaire d’une seule personne. Bien plus encore, des problématiques essentielles telles que la question de la maîtrise de l’eau dans le système agricole; celle du climat à l’exemple de la température et quel système de culture mettre en place pour pouvoir réduire l’effet de cette chaleur intense, seront entre autres, au cœur des échanges. Il y a aussi la question de la valeur ajoutée du café du Noun a travers la démarche qui est aujourd’hui en cours pour obtenir une Indication géographique protégée ; un cahier de charges clair, metttre en confiance le consommateur; renforcer la notoriété du café du Noun pour que tout le monde puisse être gagnant dans la filière, sont d’autres sujets qui seront abordés.
Il en va de même de la variété de café cultivée où le formateur précise qu’il faudra voir si c’est en agroforesterie, les types d’espace qu’on peut associer au café; comment faire le traitement agronomique, les différentes qualités possibles d’être mises en place aussi bien pour le café arabica que pour le café robusta. Pendant trois jours les modules tels que la fresque du climat; les leviers pour la résilience de la filière café dans le Noun ( théorie et pratique); les initiations aux outils informatisés de suivi géolocalisé: cas de KoboToolbox et Ofield (théorie); la mise en place d’un outil de suivi du verger cafeir du Noun avec Kobotoolbox ( pratique); la collecte, traitement et analyse des données de suivi du verger caféier (pratique); les principes et bonnes pratiques agricoles dans la filière caféculture ( théorie et pratique) et la gestion du stress hydrique dans les systèmes agroforestiers : application à la caféiculture dans le Noun. (Théorie-pratique).
À la fin de la formation, il est prévu une évaluation et éventuellement une attestation sera délivrée aux participants. Comme on le voit, et de l’avis même du formateur, l’avenir du café dans le Noun est radieux. C’est dire que Patricia Tomaïno Ndam Njoya a pris le taureau du changement climatique par les cornes à bretelles effet.